Sûrement qu’à l'instar des Rohingya, les Nations Unies reconnaîtront un jour que les Banyamulenge ont été exposés à l'une des oppressions les plus inhumaines du monde car, persécutés, déracinés et privés de leur droit à la protection et à la vie. Des rapports qui égrènent les meurtres, les viols, les destructions des villages et les pillages commis depuis 2017 contre cette communauté se feront jour dans des réunions du conseil de sécurité des Nations-Unies. Le "nettoyage ethnique" sera dénoncé ou du moins reconnu. Mais combien de temps et de morts faudra-t-il pour que l’ONU fasse preuve de cette reconnaissance ?
Au cul-de-sac, des milliers de familles fuyant les atrocités leur infligées par la milice MAI-MAI et alliés étrangers (rebelles burundais de Red-Tabara, etc) flânent, depuis une semaine, dans la plaine de la Ruzizi et ses environs. Mais malgré la massive présence des organisations nationales et internationale à vocation humanitaire au Sud-Kivu, plus de 4.000 personnes déplacées, en majorité des femmes et des enfants, sont privées de toute assistance humanitaire depuis qu’elles ont été forcées d’abandonner leurs villages détruits. Elles sont pourtant accessibles par voie routière sur la zone de Lemera et Bwegera. Dans ces conditions, il ne faut pas seulement être médecin ou nutritionniste pour imaginer combien de ces victimes sont sur le point d'atteindre la limite de leur durée de vie car, en embargo contre tout secours humanitaire d'urgence.
Les véhicules des organisations humanitaires font des allers-retours sur la route de la plaine de Ruzizi et les hélicoptères de la MONUSCO sillonnent l'espace aérien des hauts et moyens plateaux. Ces acteurs sont témoins de cette catastrophe humanitaire et préfèrent en faire le cadet de leurs soucis.
Pire encore, les organisations nationales et internationales qui s’activent sur le dossier de la potentielle création du tribunal spécial pour les crimes dénoncés dans le cadre du rapport Mapping – le cheval de bataille du Prix Nobel de la Paix - semblent ignorer les violences actuelles qui pourtant, redoublent d’intensité. Elles oublient que les crimes commis contre les Banyamulenge en territoires de Fizi, Uvira et Mwenga sont perpétrées sur le sol congolais et contre les congolais.
Mais aussi, et comme par consensus, les médias nationaux et étrangers se résolvent de fermer leurs caméras et leurs micros sur cette tragédie. L’ancre de leur plume est séchée lorsqu’il s’agit de dénoncer l’horreur qui s’abat sur la communauté Banyamulenge. Et comme il s’agit de ces derniers dont il semble unanimement décidé que le droit d'exister leur soit arraché, les choses doivent se passer à bas bruit. Seuls les médias servant de caisse de résonnance de l’idéologie génocidaire MAI-MAI, se proclamant être en lutte pour forcer leurs victimes de quitter le territoire national, peuvent en parler. Bien entendu, pour se féliciter de pouvoir être en mesure de donner à boire et à manger à ceux qui se chargeront d’écrire une histoire maquillée du sang et des larmes au sujet de Banyamulenge.
Au bout du compte, si la chaîne de commandement reste impossible à détailler, l’absence quasi-concertée de toute action en faveur des familles Banyamulenge en détresse est vécue par les victimes comme l’exécution d’un « ordre de tuer » par les organisations et institutions censées les protéger. Et ce, chacune, grande ou petite, nationale ou internationale, à sa manière et en ce qui la concerne.
Kinshasa, le 30 avril 2021
Mukulu Le Patriote
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