La situation à Minembwe est alarmante et exige une intervention urgente. La communauté, déjà ébranlée par des années de violence et de négligence, subit à présent des arrestations arbitraires orchestrées par ceux-là mêmes censés assurer leur sécurité : les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). Le 1er novembre 2024, les soldats de la 21e brigade déployée dans cette région ont, sans motif légitime, arrêté Mutware, fils de Manutsi, ainsi qu’un autre jeune homme identifié uniquement par le nom de son père, Sosthène, détenu lui-même depuis plusieurs années à Kinshasa. Ces hommes ont été enlevés en pleine nuit, dans le motel de Sosthène, situé au centre de Minembwe, sans preuve ni justification claire, si ce n'est une vague accusation de soutien moral à leur communauté.
Les habitants des Hauts-Plateaux d’Itombwe n’ont d’autre choix que de se défendre eux-mêmes, car les forces censées les protéger sont devenues leurs oppresseurs. Depuis longtemps, la population de Minembwe vit sous la menace constante d’attaques des milices Maï-Maï, souvent appuyées par des éléments des FARDC. Face à cette situation, la communauté se trouve contrainte à l'auto-défense, une réponse dictée non par choix, mais par la survie.
Le problème dépasse désormais la simple persécution : les arrestations sont devenues un véritable business. Les membres des FARDC profitent de chaque détention pour exiger des rançons exorbitantes, extorquant ainsi de l’argent aux familles des détenus. En l’absence de paiement, les prisonniers sont transférés vers des prisons éloignées, à Kinshasa, où ils risquent de mourir dans les conditions déplorables des prisons de Makala ou des cachots de la Détection Militaire des Activités Anti-Patrie (DEMIAP), sans procès équitable. L’histoire récente de Zakari, détenu sous un prétexte ridicule — l’ingestion présumée d’un drone par ses vaches — illustre cette tragédie. Soumis à des tortures, enfermé dans un conteneur sans fenêtre, Zakari n’a recouvré la liberté qu’après avoir payé une somme de 500 dollars, somme qu’il est déjà difficile de réunir dans cette région ravagée par la pauvreté.
Cette pratique est devenue un schéma tristement habituel : chaque fois que les militaires de la 21e brigade souhaitent obtenir de l’argent pour leur propre bénéfice, ils procèdent à de nouvelles arrestations, exigeant des montants exorbitants en échange de la liberté des personnes arrêtées. Dans un tel contexte, où les familles doivent mendier, emprunter et courir de toute part pour réunir les fonds nécessaires, cette extorsion paralyse et ruine des familles déjà vulnérables.
Les autorités congolaises, quant à elles, continuent de fermer les yeux sur ces abus qui se perpétuent dans une indifférence déconcertante. Ce silence assourdissant face à la souffrance de Minembwe doit cesser. Nous appelons la communauté nationale et internationale à dénoncer ces pratiques inhumaines et à faire pression pour que cessent les abus et que justice soit enfin rendue. Les habitants de Minembwe ont droit à la paix, à la sécurité et à la dignité, et ces droits doivent être respectés sans condition.
Le 3 novembre 2024
Paul Kabudogo Rugaba
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