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Paul KABUDOGO RUGABA

Est-ce l’Opération Sokola II ou Sokola Banyamulenge?

Dernière mise à jour : 28 mai 2021

En janvier 2015, Le chef d’État-major des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), le général de brigade Didier Etumba, avait annoncé, à Beni, le lancement officiel de l'opération militaire "Sokola 2", à mener conjointement avec l'ONU, contre les rebelles Rwandais des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR).

Selon leurs dits, ces opérations consisteraient à désarmer les rebelles Rwandais FDLR actifs dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Cependant ce qui s’observe sur terrain est tout autre. L’opération Sokola 2 ("Nettoyez", en lingala, une de 4 langues officielles en RDC) est plutôt opération « Sokola Tutsi », ou tout simplement « Sokola Banyamulenge ».

Au regard du nombre des exactions commises par le FRDC, que l’on camoufle avec de diverses appellations (incident, balles perdues, malentendu, ...) toutes qui se soldent par la mort des civiles uniquement issus de la communauté visée, il y a lieu de conclure que cette opération, a l’instard de celle de « Fieka » de Maï-maï, a pour mission l’épuration ethnique des Banaymulenge que les tribus voisine et leur milice ne cessent de chanter. Chaque jour il y a, si pas de morts, du moins de grièvement blessées par les éléments de l’armée. Et même aujourd’hui, à l’heure où nous écrivons, il y a une autre victime. À Minembwe les militaires viennent de tirer à bout portant, au retour du marché, sur une femme répondant au nom de Domitilla Mutirabura, des balles réelles qui ont transpercé son cou. Elle se trouve maintenant dans un état critique entre la vie et la mort.



A entendre les propos du porte-parole de l’opération Sokola 2, le capitaine Dieudonné Kasereka, comment il a toujours justifié une barbarie dirigée contre cette communauté, c’est exactement ce que l’on appelle « remuer le couteau dans la plaie ». Il a même écrit sur les réseau sociaux groupe WhatsApp que les Banayamulenge sont des étrangers.

A maintes reprises, il a été démontré comment les FADC opèrent d’une manière camouflée derrière les Maï-maï. Malgré les cris de la population, rien n’a été changé. Les délégations ne cessent de venir, l’une après l’autres, pour écouter les doléances de cette communauté meurtrie. Et même aujourd’hui il y en a une à Minembwe. Coup de théâtre! Les résultats ne sont pas aussi étonnants, d’autant plus que la méthodologie et les procédures sont visiblement tendancieuses : plutôt que d’empêcher et de contraindre les Maï-maï qui assaillent et imposent la guerre à déposer les armes, ils demandent au Banyamulenge, en plus de renforcer les mesures pour rendre leur situation déjà invivable encore plus insupportable, de tendre leur coup devant la menace d’extermination. Par la même occasion, on élabore une liste des tous les jeunes Banyamulenge , prochaine cible a abattre. Ainsi l’insécurité continu et persiste toujours.

Les commandants dont les soldats sous leurs commandements se sont évertués en nombre d’incidents sanglant, sont les plus maintenus surplace pendant de longues périodes. Mi-soldat, mi- Maï-maï Ils sont choisi spécifiquement dans le rang des ex. Maï-maï réintégrés dans l’armée. Il ne faut pas perdre de vu que cette milice est par essence un mouvement anti-tutsi. Quand les services de sécurité n’arrivent pas à mettre fin à la criminalité, il faut présumer que les criminels sont dans ces services mêmes. La réponse est donc à trouver au sein des FARDC.

Après tant d’années, d’ultimatum contre le FDLR, la situation est restée telle quelle. En revanche, les nombre des jeunes civiles Banyamulenge acheminés à Kinshasa pour y être torturés et emprisonnés, dépasse le nombre de FDLR rapatriées. Quant au bilan des victimes tuées, n’en parlons pas, surtout que quand la responsabilité partagée est sous le nom de Maï-maï, les responsables attitrés. Tous les moyens sont mis à la disposition de cette milice tribale qui s’est distinguée par des crimes. Assurée par le soutien du gouvernement et de l’armée, elle agit en toute impunité sous la bénédiction des généraux qui dirigent les opérations Sokola 2, tous, ex Maï-maï, qui reçoivent en contrepartie, le revenu des butins de vache razziées. Pour blanchir les crimes, on a baptisé tout cela des massacres des conflits intercommunautaires.


Les agences du système des Nations Unies actives dans la région qui devraient contribuer à ce que ces opérations militaires ne puissent pas toucher la population, ont préférer croiser les bras. Désormais, dans le nouveau langage, quand on parle des Congolais, bien entendu, il faut entendre par là, les autres tribus, exclus les Banyamulenge. Les vocables « vrais congolais » ou « congolais purs » révélateurs du vrai visage du conflit, sont en vogue. On comprend d’ores et déjà, pourquoi, ceux qui sont là pour les « vrais congolais », ne veulent pas assister la communauté sur laquelle on a déjà jeté le stigma de « Faux congolais ». La MONUSCO, non plus, ne veut pas intervenir sous prétexte d’appuyer l’armée. Et cela s’appelle le respect des accords.

Il est à préciser que L’opération Sokola 2 opère concurremment avec l’opération Sokola 1 qui a boutis à chasser tous les Tutsi du Nord-Kivu de leur terre. Actuellement, ils vivent dans les camps de réfugiés au Rwanda. N’est-il pas probable la phase 2 n’aboutisse aux résultats similaires, en nettoyant le sud Kivu de banyamulenge?

Il y a quelques semaines, les localités de Bibangwa, Rurambo Kahololo, Gitoga, Bijojwe ont été détruites jour après jours, l’une après l’autre sans que ni les FARDC ni la MONUSCO ne fassent un geste quelconque pour sécuriser la population qui, en fin de compte, a fini par aller vire en errance dans les forêts. Pendant ce temps, les hélicoptères de la MONUSCO faisaient de tours atterrissant dans le campement de Maï-maï apportant de colis dont on ne sait pas le contenu. Pourquoi? Dieu seul sait. Mais, quand les fugitifs ont pris la direction de l’exil, les FARDC se sont portées volontaire pour les approcher aux frontières. Dans cette optique, l’option de les réintégrer dans leurs biens risque de ne pas avoir le jour.

Alors, l’opération « Sokola (=nettoyer) » de FRDC et l’opération « Fieka (= sarcler) » de Maï-maï ne sont-ils pas les deux faces d’une même réalité?

Le 7 mai 2021

Paul KABUDOGO RUGABA

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