La zone des Hauts-Plateaux au Sud-Kivu, région peuplée par les Banyamulenge, est confrontée à un risque croissant de génocide. La menace est imminente alors que l’attention de la communauté internationale est focalisée sur la guerre du M23 au Nord-Kivu, où là aussi malheureusement, sa préoccupation demeure sélective au détriment des Tutsis.
Depuis près d'un mois en effet, la population Banyamulenge de Rurambo dans les Hauts-Plateaux du territoire d'Uvira vit dans un contexte sécuritaire où les conditions d'accélération du génocide en cours depuis 2017 - largement ignorées par la communauté internationale - sont réunies. Des milliers d'éléments FDLR, mouvement terroriste fait des génocidaires rwandais (dont les Interahamwe et certains transfuges de l’armée génocidaire de l’ancien régime), ont été mobilisés, armés et ramenés de plusieurs sites où ils étaient établis au Sud-Kivu depuis plusieurs années, pour les installer à Rurambo et ériger leur quartier général à Masango, fief de la milice MAI-MAI, dans les Hauts-Plateaux du territoire d'Uvira. Leur mission est claire : assurer le nettoyage ethnique des Banyamulenge et occuper définitivement leurs terres désormais débarrassées de toute leur présence.
Il sied de rappeler que depuis plus de 7 ans, les Banyamulenge sont la cible d'attaques à caractère génocidaire par les groupes armés soutenus par le gouvernement dans cette région montagneuse assiégée par les milices MAI-MAI (connues sous le nom de Wazalendo) et leurs alliés. Outre les attaques, ils sont, en raison de leur appartenance ethnique soumis à un régime de persécution par les institutions de défense et de sécurité. Des arrestations arbitraires pour délit de faciès sont opérées au quotidien par la police, l'ANR et la DMIAP tandis que l'armée s'emploie à apporter de l'aide militaires aux milices Wazalendo. Les victimes de ces arrestations sont transférées dans les geôles de la DMIAP à Kinshasa où elles endurent des conditions inhumaines : torture, sodomisation, forte promiscuité, privation de nourriture et de soins médicaux. Elles passent des longs mois ou des longues années sans possibilité d'accès à la justice.
Cela dit, l'installation des bases militaires des FDLR à Rurambo promet de transformer les Hauts-Plateaux en un nouveau pogrom, ou plutôt un pogrom final des Banyamulenge. Elle ouvre un chapitre nouveau et alarmant pour l’avenir des Banyamulenge qui vivent, plus que jamais dans la pire anxiété et annonce des jours et des nuits sombres bien comparables à ceux d'avril à juillet 1994 au Rwanda. L’arrivée dans les Hauts-Plateaux de ces bataillons FDLR intervient dans un contexte où la communauté internationale (à travers la MONUSCO, le groupe d’experts de l’ONU pour la RDC, les chancelleries et les différentes commissions de droits humains) se contente de se comporter en observatrice silencieuse face à un vent anti-Tutsi qui ne cesse de souffler sur la RDC depuis 1994, et qui s’est transformé ces dernières années en véritable tempête.
Pour les observateurs avisés, cela ne fait l’ombre de doute : il s'agit certainement de la matérialisation de l'acte d'engagement signé à Baraka, le 24 juillet 2024, par les différents chefs MAI-MAI et alliés étrangers dont le seul point de convergence est le projet macabre de nettoyage ethnique des Banyamulenge. « Nous nous engageons à mettre de côté nos guerres intestines pour unir nos forces contre notre ennemi commun », avaient-ils déclaré à l'issue de cette réunion convoquée et facilitée par Bitakwira, à l'initiative et avec les moyens du gouvernement. Leur ennemi commun n'étant autre que les Tutsis/Banyamulenge. Ce représentant du gouvernement à cette réunion qui revêtait une dimension militaire n’a jamais caché ses intentions de déraciner les Tutsis congolais. Il a toujours initié et/ou soutenu publiquement toutes les initiatives militaires, politiques et idéologiques visant l’épuration des Banyamulenge. Il s’exprime constamment sur les réseaux sociaux et devant les caméras des médias pour vanter ses prouesses dans sa « guerre aux Tutsi ». La migration des FDLR vers les régions peuplées par les Banyamulenge est, par ce fait, le résultat de cette « initiative de Baraka » qui est une des étapes clés d’un long processus de génocide des Tutsi/Banyamulenge.
Avec cette délocalisation des sites des génocidaires rwandais vers la région montagneuse d'Uvira où les MAI-MAI, déjà engagés dans l'extermination des Banyamulenge sera mise à contribution, on s'achemine résolument vers un génocide similaire à bien des égards à celui des Tutsis au Rwanda. A cet effet, les Banyamulenge de Rurambo et des tous les hauts et moyens plateaux d'Uvira, Mwenga et Fizi en général, attirent l'attention sur cette menace existentielle aux allures particulièrement dévastatrices. Ils réclament des mesures de protection urgentes pour éviter que le pire ne leur arrive au vu et au su de la communauté internationale qui s'est souvent montrée complaisante à l'égard de leurs bourreaux.
En avril 2021, les Banyamulenge de Rurambo ont fui massivement les attaques des groupes armés Wazalendo pour se réfugier à Bwegera, sur la RN5 dans la plaine de la Ruzizi. Dans leur camps de dépliant internes, ils se sont vus refuser la protection et l'aide humanitaire, tant par le gouvernement que par la pléthore d'agences humanitaires à pied d'œuvre au Sud-Kivu. Et ce, pendant les 13 mois de leur maintien en déplacement forcé (d’avril 2021 à avril 2022). Ils espèrent que leur voix ne sera pas, cette fois-ci, étouffée par la machine à torsion de la vérité mise en marche par les caisses de résonance de l'idéologie anti-Tutsi en RDC.
17 novembre 2024
Mukulu le Patriote
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