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Hommage à Monseigneur Faustin Ngabu : Le Pasteur au Cœur d’Or

  • Paul KABUDOGO RUGABA
  • 26 oct.
  • 3 min de lecture

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Monseigneur Faustin Ngabu : Le souffle d’un saint dans la tourmente de Goma


Ce dimanche 26 octobre 2025, à 10h30, le ciel de Goma s’est voilé de tristesse. Dans une chambre discrète de l’Hôpital Charité Maternelle, Monseigneur Faustin Ngabu, évêque émérite du diocèse de Goma, a rendu son dernier souffle après une longue maladie. Et avec lui s’en va une âme rare, un pasteur qui avait choisi de marcher du côté de la lumière, même lorsque la nuit couvrait tout.

L’annonce de son décès a résonné comme un coup de tonnerre dans les cœurs de ceux qui l’ont connu, aimé ou simplement croisé un jour au détour d’une route poussiéreuse du Nord-Kivu. Car Monseigneur Ngabu n’était pas un évêque comme les autres : il était la main tendue, la voix douce, la présence rassurante dans un monde en proie à la peur et au désespoir.

Son téléphone pouvait sonner à minuit — il se levait, priait, puis partait. Car, pour lui, le Christ souffrant dans son frère ne pouvait attendre le lever du jour.

Discret jusqu’à l’effacement, il ne cherchait ni la gloire ni la reconnaissance. Pourtant, ses œuvres silencieuses auraient mérité les plus hautes distinctions, un prix Nobel de la paix. Mais Monseigneur Ngabu servait un autre Royaume : celui de Dieu, où la charité ne se mesure pas en trophées, mais en âmes consolées.

Dans un communiqué empreint d’émotion, Son Excellence Monseigneur Willy Ngumbi, actuel évêque de Goma, a exprimé la douleur de toute l’Église locale :

« La disparition de Monseigneur Ngabu est une perte immense pour notre diocèse et pour toute la communauté chrétienne. Son œuvre pastorale, son humilité et son courage resteront à jamais gravés dans nos mémoires. »


Le pasteur des nuits sans lune

Ceux qui ont vécu à Kinshasa et à Goma ou dans ses environs se souviennent d’un homme qui ne dormait jamais vraiment. Quand la guerre grondait, quand les armes parlaient plus fort que les prières, Monseigneur Ngabu sortait de sa résidence, montait dans sa vieille voiture et partait, souvent seul, chercher ceux qu’on avait arrêtés arbitrairement.On raconte qu’il franchissait les barrières tenues par les milices et de militaires indisciplinés, s’avançait calmement, soutenu par sa foi, pour plaider la cause des innocents. Souvent, il payait de sa propre poche la liberté de ceux qu’il sauvait, assurait leur transport, les nourrissait, les soignait.

Ce n’était pas un héros médiatisé, mais un saint des temps modernes, un évêque qui croyait que la charité chrétienne valait plus que tous les discours. Ses actions n’ont jamais été bruyantes, mais elles ont laissé des traces profondes dans les vies qu’il a touchées.

« Si le monde est juste, Monseigneur Ngabu doit recevoir  un prix Nobel de la paix et être béatifié. »


Un homme debout dans la tempête

La vie de Monseigneur Ngabu fut traversée par la guerre, la haine ethnique et les divisions politiques. Pourtant, jamais il ne céda à la peur ni au sectarisme. Dans une région où les mots peuvent tuer, il osa toujours parler d’amour, de pardon, de dignité humaine. Il accueillait tous, sans distinction de tribu, d’origine ou de croyance.

Monseigneur Ngabu n’était pas un évêque de titres ni de faste, mais un homme de terrain, un pasteur au sens le plus pur du terme. Dans une région marquée par les guerres, le tribalisme et les idéologies de haine, il s’était fait la voix des sans-voix, le refuge des persécutés, le bouclier des opprimés. Combien de vies a-t-il sauvées dans le silence, loin des caméras et des projecteurs ! Combien d’âmes en détresse a-t-il relevées, souvent au péril de sa propre vie !

Sa foi n’était pas celle des mots, mais des actes. Il a tendu la main à des milliers de déplacés, réconcilié des familles brisées, consolé des orphelins, prié au chevet des mourants. Ceux qui l’ont connu disent qu’il avait le regard d’un homme qui portait le monde sans se plaindre.


Un silence qui parle encore

Aujourd’hui, le diocèse de Goma pleure un père, un frère, un guide. Mais au-delà de la tristesse, c’est la gratitude qui domine : gratitude d’avoir connu un tel homme, d’avoir reçu l’exemple d’une foi vécue sans compromis.

Monseigneur Faustin Ngabu n’était pas de ceux qui parlent fort. Il appartenait à cette race de géants discrets dont les traces ne s’effacent pas. Ses gestes silencieux ont sauvé des vies, ses paroles ont apaisé des âmes, et son humilité a touché plus de cœurs que n’importe quel sermon.

Ce soir, les cloches de Goma sonnent pour lui. Mais dans le secret des cœurs, on se plaît à croire qu’au moment où elles ont résonné, les cloches du Ciel répondaient déjà, pour accueillir l’un des siens.

Reposez en paix, Monseigneur Faustin Ngabu.Vous avez servi Dieu à travers l’homme, et c’est cela, le véritable sacerdoce.


Le 26 Octobre 2025

Paul Kabudogo Rugaba

 
 
 

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