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La France et la Victoire du M23 : Un Acharnement Symptomatique d’Intérêts Cachés

Paul KABUDOGO RUGABA

La réaction de la France face aux récentes victoires du Mouvement du 23 mars (M23) en République Démocratique du Congo (RDC) suscite de nombreuses interrogations. L’intensité de son acharnement diplomatique donne l’impression que le M23 aurait conquis une province française, tant l’indignation semble démesurée par rapport à la réalité sur le terrain. Cette victoire du M23 apparaît ainsi comme une véritable douche froide pour Paris, révélant des intérêts stratégiques inavoués.

Derrière cet activisme diplomatique se profile une vérité moins avouée : la France n’a jamais renoncé à son plan de soutien implicite au rétablissement des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) par la force au Rwanda. L’avancée du M23, notamment la prise de la ville stratégique de Goma, fragilise non seulement les positions des FDLR mais menace leur existence même. Cette situation explique en grande partie l’acharnement français, qui semble préoccupé par l’affaiblissement, voire le démantèlement, de ce groupe armé qui a longtemps servi d’échiquier géopolitique dans la région des Grands Lacs.

Quelques jours avant la libération de la ville de Goma, les autorités congolaises ont ordonné la coupure du courant, plongeant toute la ville dans l'obscurité totale pendant des semaines. C'est malheureusement maintenant que l'on découvre les raisons de cette manœuvre. Petit à petit, les horreurs commises sous couvert de cette obscurité sont mises au grand jour.

Dans les camps de déplacés de guerre et dans les quartiers à Goma, il y a eu une véritable épuration ethnique opérée de manière systématique. Des personnes issues de la communauté tutsie ont été ligotées puis acheminées vers des destinations inconnues. Pour le moment, le nombre exact de victimes reste incertain, mais les estimations font état de milliers de disparus.

Plutôt que de diligenter des enquêtes pour faire la lumière sur ces crimes atroces, la communauté internationale semble détournée par les discours de la France, qui utilise toute son influence pour orienter l'attention mondiale. Cette attitude soulève des questions sur les intérêts réels de Paris dans la région et sur son rôle dans la dynamique des conflits en RDC.

Parallèlement, les tensions montent à Kinshasa où l’ambassade de France a été menacée lors de manifestations violentes. Au lieu de condamner fermement ces actes de barbarie, un député français s’est permis de justifier ces violences en prétendant qu’il fallait comprendre « l’expression de la colère des Congolais face à l’inaction de la communauté internationale ». Un tel langage est non seulement irresponsable, mais il révèle une complaisance inquiétante face à des exactions inacceptables.

Ce double standard moral, où les crimes sont relativisés selon les intérêts en jeu, met en lumière une réalité géopolitique cynique. On ne juge plus les actes sur la base de principes universels, mais selon des calculs stratégiques où les alliances et les influences priment sur la justice et la vérité. Cette posture fragilise non seulement la crédibilité de la France sur la scène internationale, mais nourrit également le ressentiment des populations qui en sont les victimes collatérales.

En somme, la France gagnerait à adopter une position plus équilibrée, fondée sur des principes de justice impartiale, plutôt que de continuer à s'enfermer dans des logiques d'intérêts à court terme qui ne font qu'aggraver les tensions régionales.


Le 1er fevrier 2025        

Paul Kabudogo Rugaba

 
 
 

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