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La fuite de l’opération Fimbo : révélations troublantes sur un plan d’épuration ethnique

Paul KABUDOGO RUGABA

Par un concours d’imprévus des plus improbables, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont laissé fuiter un document classé "secret-défense" d'une importance capitale. Il s'agit du plan militaire conjointement élaboré avec les Forces de Défense Nationale du Burundi (FDNB) pour mener des opérations sur les hauts et moyens plateaux des territoires de Fizi, Mwenga et Uvira, au Sud-Kivu. Ce plan, nommé « opération Fimbo » (qui signifie "fouet" en français), soulève des inquiétudes majeures quant à son objectif ultime, qui, selon les documents divulgués, serait de parachever l’épuration ethnique des Banyamulenge.


Une étape cruciale dans un plan de déracinement

L’opération Fimbo s’inscrit dans une stratégie de long terme amorcée en 2017, visant le déracinement total des Banyamulenge. Les étapes préliminaires de ce plan ont déjà provoqué la destruction massive de leurs villages, orchestrée par une coalition de groupes armés locaux et étrangers, soutenus par des éléments de l’État. Les pertes humaines et matérielles sont incalculables : des familles décimées, des richesses pillées, des survivants forcés à l’exil ou entassés dans des camps de déplacés internes. Certains croupissent dans des centres de détention administrés par la Direction Militaire des Informations et Actions Psychologiques (DMIAP).

La fuite de ce plan, désormais largement partagé sur les réseaux sociaux, met en lumière la complicité des institutions gouvernementales dans cette entreprise de nettoyage ethnique. Elle révèle également des intentions délibérées d’exercer une pression militaire insoutenable sur les Banyamulenge afin de les contraindre à abandonner définitivement leurs terres ancestrales.


Un objectif stratégique dissimulé : le remplacement démographique

L’opération Fimbo ne se limite pas à l’expulsion des Banyamulenge. Elle vise également à les remplacer par des populations Hutus en provenance du Rwanda et du Burundi, présentées comme des "alliés bantous". Ce projet de remplacement est perçu par le régime de Kinshasa comme une mesure stratégique visant à prévenir une éventuelle avancée du M23 vers le Sud-Kivu, les Banyamulenge étant accusés à tort de collusion avec cette rébellion du Nord-Kivu.

Cette stigmatisation des Tutsis congolais s’étend bien au-delà des Banyamulenge. Les arrestations massives de Tutsis sous prétexte fallacieux de collaboration avec le M23 illustrent un climat de méfiance et de préjugés, nourri par des discours populistes et un agenda politique discriminatoire.


Une fuite embarrassante : négligence ou trahison ?

La divulgation du fichier de 13 pages, hautement confidentiel, pose une question cruciale : comment un document d’une telle sensibilité a-t-il pu sortir du cercle restreint des hauts responsables militaires ? Les premières analyses pointent vers une erreur humaine dans le partage électronique du fichier avec des personnalités politiques connues pour leur activisme anti-Tutsi/Banyamulenge : Nzangi Muhindo et Justin Bitakwira.

Ces deux figures politiques, bien que dépourvues de fonctions militaires officielles, jouent un rôle central dans la mobilisation des groupes armés locaux, notamment les Wazalendo, une coalition à idéologie tutsiphobe. Leur proximité avec le Président Félix Tshisekedi, qui adopte une rhétorique anti-Tutsi pour des raisons politiques, leur a ouvert un accès inédit aux cercles décisionnels des FARDC.


Un faux pas lourd de conséquences

Nzangi et Bitakwira, mus par leur volonté de démontrer leur influence et leur proximité avec le pouvoir, auraient partagé ce fichier avec leurs réseaux respectifs, usant des outils numériques pour affirmer leur statut privilégié. Ce geste imprudent, bien que non intentionnel, expose leur maladresse et risque d’être interprété comme un acte de haute trahison.


Des implications politiques et sécuritaires majeures

Cette fuite compromet non seulement les opérations militaires en cours, mais elle met également en lumière les dérives inquiétantes du gouvernement congolais et son instrumentalisation des forces armées pour des objectifs discriminatoires. Elle suscite une indignation internationale croissante et appelle à une enquête indépendante sur le rôle des autorités dans l’exécution de ce plan controversé.

La fuite de l’opération Fimbo pourrait marquer un tournant décisif, non seulement dans le conflit des hauts plateaux, mais aussi dans la perception du régime de Kinshasa par la communauté internationale.


 Authenticité du document en question : une évidence troublante

Bien que nous ne disposions pas de l'intégralité du document en fuite, les éléments visibles sur les pages en notre possession ne laissent aucun doute quant à son authenticité. L’en-tête officiel, la signature manuscrite, le cachet apposé, ainsi que le numéro de dossier y figurant sont conformes aux normes des documents classifiés émis par les autorités compétentes.

Ces indices, caractéristiques des documents hautement sensibles relevant de la défense nationale, confirment qu’il ne s’agit ni d’une falsification ni d’une production apocryphe. Chaque détail correspond aux formats usuels des correspondances officielles des FARDC, renforçant ainsi la crédibilité de son contenu.

Cette authenticité met en lumière la gravité des révélations qu’il contient et soulève des questions pressantes sur la chaîne de responsabilité ayant conduit à cette fuite. L’importance stratégique de ce document et les implications qu’il porte sur le terrain rendent cette situation particulièrement préoccupante.

L’heure est à une enquête approfondie pour déterminer les circonstances exactes de cette divulgation, mais aussi pour établir les responsabilités face à des informations aussi sensibles, désormais exposées à la vue de tous.




Le 08 decembre 2024

Paul Kabudogo Rugaba

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