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Paul KABUDOGO RUGABA

La RDC : lesTutsis congolais, ces enfants mal-aimés de la république


Par U. Rwambarangwe




L’arrivée aux affaires d’Antoine Felix Tshisekedi, le fils de feu le leader Maximo, avait suscité beaucoup d’espoirs à tous les Congolais meurtris depuis plusieurs décennies par des pouvoirs tyranniques qui se sont succédé au trône du palais de Marbre de Kinshasa. Les promesses faites, elles, avaient induit un optimisme à toute la jeunesse qu’incarne « FATSHI Béton » espérant les lendemains excellents. Toute la population congolaise se disait que, comme c’est le fils du sphinx de Limete, il s’inspirera de la pugnacité et l’assiduité au travail de son défunt de père.

Personnellement, membre de la JUDPS (Jeunesse de Union pour la démocratie et le progrès social), à l’arrivée (en 1991) de « l’Union sacrée » que les médias de l’obédience du pouvoir à l’époque du mobutisme avaient surnommé « l’Union sucrée », car étant devenu un vivier ou le Grand Léopard Mobutu puisait ses traitres des premiers ministres, de Faustin Birindwa jusqu’à Kengo wa Dondo en passant par Mungul Diaka et Nguz a Karl I Bond, à l’aube du multipartisme. Le 16 février 1992 lors de la marche des chrétiens, j’avais escaladé le mur (3m) de la Foire Internationale de Kinshasa (FIKIN) pour réclamer de réelles avancées démocratiques qui avaient abouti à l’élection de son père le 15 août 1992 Étienne Tshisekedi –farouche opposant du Léopard du Zaïre– élu Premier ministre du gouvernement de transition a la conférence nationale qui était devenue « souveraine ». Après son élection-nomination en 2019, je perdais le temps à discuter avec des amis sur la confiance qu’il faudrait accorder à Felix Antoine Tshisekedi ; car j’avais un optimisme irréaliste mélangé à une naïveté quasi passionnée pour ne pas dire frisant la morbidité, pour lui. Je suis désormais désillusionné.

L’on est sans ignorer tous qu’à la prise du pouvoir de Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo en 2019, l’une de ces promesses fards, la plus aguichante de l’intérieur comme de l’extérieur du pays au début du pouvoir du robuste chef de l’Etat fut ce slogan clamé avec pompe, la finition de la guerre de l’Est, un slogan imitant son défunt de père dont la fallacieuse devise était « le peuple d’abord ». Trop de zèle dans sa loquacité il avait même promis de rester durant un moment indéterminé à Goma. Pourtant, même à la cité de l’OUA, il n’y reste pas longtemps à cause des va-et-vient entre Kinshasa et les différentes capitales du monde . On ne gouverne pas un pays en guerre dans des avions. Un premier constat amer.

Certes, des efforts avaient été fournis en déclarant le Nord-Kivu et l’Ituri des provinces en état de siège. Des gouverneurs et toutes les autorités locales tant urbaines que rurales sont actuellement des militaires. Cependant, le fiasco est alarmant, car non seulement ces régions n’ont pas été sécurisées, mais, cependant, les tueries se sont accentuées à un rythme effréné.


Le bannissement ou le reniement de la nationalité.

Depuis l’indépendance du pays et durant une bonne période du mobutisme, les Banyamulenge et lesTutsis congolais/zaïrois n’avaient pas des problèmes particuliers. Ils étaient des citoyens à part entière et non entièrement à part. Hormis la rébellion muleliste et la guerre dite de « Kanyarwanda » de 1962-1965 au Nord-Kivu qui avaient beaucoup des fondements purement basés sur les rivalités économiques entre communautés, l’acrimonie ou l’animosité n’était pas encore ancrée et moins encore généralisée.

Cependant, au début de la dégringolade du règne de Maréchal Sese Seko, des signes avant-coureurs s’annoncèrent avec l’avènement de la démocratisation et la montée en puissance des tribalistes hors catégories qui se retrouvent dans la quasi-totalité des ethnies de l’Est. On notera, par exemple, le cas le mieux connu d’un certain Anzuluni Bembe Isilonyinyi (que le journal satirique le Grognon avait surnommé « l’Ange-Loup-Nu ») qui, une fois propulsé à la tête du HCR/PT, la situation politique des Banyamulenge et Tutsis congolais se gâta. La très tristement célèbre Commission Vangu qu’il institua précipitant les malheurs des Banyamulenge et Tutsis congolais. Du reniement de leur nationalité, s’ensuivirent non seulement la chasse à toute personne aux faciès joviaux, mais aussi à l’ultimatum pour qu’ils (lisez les Banyamulenge et Tutsis congolais) rentrent dans leur pays (entendez, le Rwanda). Néanmoins, ces Tutsis du Nord ou les Banyamulenges du Sud-Kivu n’ont pas tous des origines rwandaises. L’histoire, mieux dit, serait la légende nous apprend que suite aux mouvements migratoires ils sont soit venus de la Tanzanie, l’Ouganda, le Burundi ou le Rwanda.

Le vent de la pérestroïka et glasnost ou de la démocratisation des années 1990 n’a pas secoué seulement le Zaïre de Mobutu. Le Rwanda de Habyarimana de son « petit frère », disait-t-il affectueusement, qui avait refusé aux Inkotanyi de rentrer au pays de leurs ancêtres soi-disant qu’il n’y a pas assez de la place pour tout le monde, ça se chauffait déjà aux frontières de Gatuna et/ou de Kagitumba. Le vent qui souffrait de l’Est n’a pas tardé à se transformer en tempête-ouragan, qui malheureusement emporta l’aigle de Kawele, l’homme à la toque du léopard. N’aimait-il pas à le dire souvent que : « mur ou pas mur, le fruit, devant l’ouragan de l’histoire, finit toujours par tomber ». Ce qu’il redoutait, lui arrivât. Son tristement célèbre de neuve spécialiste en désinformation, un autre propagandiste de la haine anti-tutsi, Ngbanda Zamboka A Tumba, écrira plus tard que son oncle n’avait pas su lire « son signe indien ».

En effet, l’homme fort de Kinshasa qui, après avoir perdu la crédibilité auprès de ses parrains de la Troïka (USA, Belgique et France) pour avoir permis les Chinois à travers l’aérodrome de Faraja dans l’ancien Haut-Zaïre de pénétrer le marché Soudanais, s’est retrouvé isolé. Têtu comme une mule, « le diaboliquement génial », pour reprendre l’expression de la presse libre de l’époque, malgré l’échec cuisant de ses militaires envoyés au secours de son frère Habyarimana et la capture du général Mayele par les Inkotanyi, pour redorer son blason et afin de chercher comment regagner la scène internationale qu’il affectionnait tant avec ses rodomontades des discours, tromper par François Mitterrand le sanguin parrain des génocidaires de Tutsi du Rwanda, il est allé au secours de ces interahamwe pour qu’ils reprennent le poil de la bête et afin de reprendre le pouvoir à Kigali. C’était sans compter qu’une fois avoir quitter les camps des refugies dans les pays voisins, les Inkotanyi n’étaient pas du tout près à y retourner et pour plus jamais.

Mobutu affaibli, c’est fut un bon débarras pour non seulement les Zaïrois, mais aussi à la communauté internationale et surtout ses parrains qui commençaient en avoir mal avec leur poulain un grognard rongé par le cancer de la prostate. Mobutu parti donc, il fut malheureusement remplacé par Kabila « son clone », selon l’expression de l’écrivain Euloge Boissonade, qui, 32 ans après la rébellion muleliste dont il avait soutenue sans succès, avait passé plusieurs années dans le maquis de Hewabora, où il avait été confiné par les pères et grands-pères de ces Kadogo Banyamulenge qui l’ont finalement porté au pouvoir. Mais le rondouillard ne tarda pas à afficher sa rancœur et dans moins d’une année, il fit un virage de 360°. En effet, chat échaudé, a peur d’eau froide dit-on. Le parvenu, rumine-t-il toujours l’inimitié qu’il vouait à ces Banyamulenge qui l’ont confiné à Hewabora ? Cette hypothèse est plus que plausible ! Humm ! En mangeant avec le diable, il faut avoir des longues fourchettes, dit un adage.

Ce que l’on devait craindre, arrivât, les vœux aux gémonies qu’il avait mijotés surement lui permirent de s’allier ipso facto aux génocidaires Interahamwe qui venait juste de commettre le génocide contre les Tutsis au Rwanda voisin. Avec son ministre des affaires étrangères (ou plutôt de la haine ethnique), Yerodia Ndombasi, ils n’ont pas tardé à clamer haut et fort « l’éradication de la vermine Tutsi ». Nombreux des Banyamulenge et Tutsi congolais éparpillés sur l’ensemble du territoire national furent massacrés comme des mouches. La haine anti-tutsi entra dans une phase cruciale avec l’intoxication de la haine viscérale importée par les Hutus du Rwanda. Et cette intoxication fait tache d’huile jusqu’à ce jour.

Kabila père parti, vient ensuite son fils Joseph Kabange Kabila. Taiseux et avale de ses mots, durant son règne, il y a eu un semblant de calme. Bien que cette haine ancrée n’eût pas été dissipée totalement, il y a eu cependant, un semblant de l’autorité de l’Etat.

Après 18 ans au pouvoir, Kabila a fait un passage pacifique du pouvoir et l’a octroyé gracieusement sur un plateau d’or à Felix Antoine Tshisekedi, à la préférence d’un autre tribaliste hors normes, Martin Fayulu. D’aucuns se sont frottés les mains, même les sans sommeil et sans croyances crurent que les antagonismes idéologiques étaient véritablement terminés et que le règne des droits et libertés allait remplacer les dictatures précédentes. C’était plutôt se leurrer l’esprit. Le fils du conflictuel sphinx de Limete ne tarda pas à montrer ses couleurs ou de préférence, notamment celles de son père. Tel père, tel fils, dit-on. Bien qu’ayant reconnu la nationalité d’origine aux Banyamulenge dans un meeting à Londres, il n’a jamais usé d’aucun effort pour soulager leurs tribulations. C’est sous son règne que la haine anti-tutsi est encore en train de prendre des dimensions exponentielles.

Tenez bien ! Cette animosité s’est exacerbé et atteint son point culminant. Le cannibalisme a refait surface. Non loin de Baraka, le jeudi 9 décembre 2021, un officier supérieur des FARDC, le Major Rugenerwa Kaminzobe Joseph, a été littéralement battu, lapidé jusqu’à la mort, grillé et ensuite mangé par les assaillants parce que tout simplement, il est membre de la communauté Banyamulenge. Tout ceci s’est déroulé en présence de son chef hiérarchique (Commandant) et trois autres militaires qui ont assisté et laissé faire cet acte ignoble d’une cruauté indescriptible. En juin 2022, Fidèle Ntayoberwa, 50 ans commerçant des vaches, a été tué, découpé, éviscéré et brûlé par la population de Kalima dans le territoire de Pangi dans la province de Maniema, avant que certains habitants ne le « dévorent ». Ceci a eu lieu juste après que le président local de l’UDPS, parti du chef de l’Etat, venait d’animer un meeting dans lequel il avait invité la population de soutenir le chef de l’Etat (entendez tuer tout Tutsi). Tout ceci en toute impunité et les auteurs se la coulent douce.

Les tribulations que subissent les Tutsis en RDC manquent parfois des mots pour leurs définitions et se classent indubitables dans le cadre d’un génocide oublié. Du Nord au Sud du Sud-Kivu les Rwandophones, les Barundi de la plaine de la Ruzizi et les Banyamulenge sont devenus de citoyens de seconde zone.

Comme si cela ne suffisait pas, sur plus de 187 groupes armés locaux et étrangers qui opèrent en RDC, seuls les groupes d’auto-défenses Banyamulenge et des Tutsi congolais sont ciblés par les FARDC et le gouvernement en les qualifiant de groupes terroristes. En effet, dans un communiqué du 12/07/2021, les FARDC ont accusé les Twirwaneho des terroristes. Ce qui dénoté un aveu feutré d’un génocide en préparation. Lors de la cinquante-neuvième réunion du conseil des ministres vendredi 24 juin 2022 c’est autour du Mouvement du 23 mars (M23) d’être déclaré ouvertement groupe terroriste avec qui, sous entêtement, le gouvernement jure de n’est pas négocier. Toutefois, nous apprenons à travers la presse qu’en coulisses les contacts existent, selon les informations montrées dans cet encadré de Jeune Afrique.



Ne parlons pas de la CODECO, ni même pas de l’ADF/NALU qui égorgent plusieurs dizaines des personnes par jour et surtout pas des FDLR, ces tristement connus mondialement car étant sur la liste des terroristes du monde mais qui donnent mains fortes aux FARDC au Nord-Kivu pour combattre le M23, selon le rapport des experts des Nations-Unies. Vous avez parlé de l'infiltration ? Accueille-les (FDLR) à bras ouverts avec véhémence à la cadence du Ndobolo endiablé, en remplacement des militaires Tutsi. Vous déchanterez sitôt et comprendrez que la plupart des fois faute de rationalité vos choix sont dirigés par les affects quasiment puérils. Les interahamwe savent bien manier les machettes et les gourdins, ces sont des « véritables machines à tuer revêtues de la chair humaine », pour reprendre l'expression de Roméo Dallaire.

Pourtant, au Nord-Kivu comme en Ituri, en dépit de l’intervention des forces de l’UPDF, rien de consistant n’a été fait car la corruption dans l’armée mafieuse, selon les termes propres du chef de l’Etat, est indescriptible. L’omerta au mafioso des gangsters, fait la loi. Silence on tue !

La guerre dans l’Est de la RDC et la résurgence de l’insurrectionnel mouvement de 23 mars ont secoué dans leurs enfers les démons du génocide de Tutsi. Cette fois-ci au Congo. On l’a vu partout sur le territoire de la république des gens qui se sont levés machettes à la main clamant vouloir tuer les Tutsis sans exception. Ceci, au vu et au su des FARDC et parfois, si pas souvent, avec leur appui ou complicité.

Ce qui dénote que les Twirwaneho et M23 ne sont plus du tout les enfants mal-aimés du pouvoir, mais plutôt sont les enfants haïs de la république ? Alors que faire ?

Bien-aimés chers frères, cela fait près de 30 que vos parents, frères, sœurs, femmes et enfants végètent dans les camps de réfugiés des pays voisins (Burundi, Rwanda, Ouganda, Tanzanie et Kenya). Au regard du temps qu’ils ont perdus dans ces camps, il y a lieu qu’il sera difficile qu’ils trouvent des pays pouvant les accueillir. Assurément qu’ils risquent d’être des apatrides. Si les négociations telles qu’elles sont projetées selon les pressions diplomatiques auront lieu, nous vous prions de les orienter en premier et surtout prioritairement au 1) retour au pays des réfugiés du Rwanda, Ouganda, Burundi et Nairobi, 2) d’exiger l’application de la loi protégeant les minorités et surtout les condamnations des vecteurs des messagers des haines dont la galaxie du « prix Nobel de la paix » Mukwege avec le cartel des associations se disant de la société civile (si vile serait mieux dit), le mouvement Filimbi présidé par le fils de cet ancien président du parlement de transition, Anzulini, que nous avons ci-haut cité, de la Lucha et surtout des personnalités politiques connues telles que le député Burakari, l’ancien ministre Bitakwira ainsi que l’incompétent ministre de l’ESU, Muhindo Nzangi. La liste n’est pas exhaustive.

Au regard de ce qui précède il y a lieu de parfaire notre petite réflexion par cet autre constat plus amer encore. En effet le mauvais amour que les Tutsis en général ont été victimes au Zaïre s’est malheureusement muée en haine viscérale. Il urge donc aux organisations éprises des droits de l’homme des gouvernements régionaux et surtout de la communauté internationale d’arrêter ce génocide insidieux en cours. Quant aux victimes, restons fermes et sereins. La sagesse africaine nous enseigne que « l’enfant abhorré par ses parents et celui qui grandit ».


Réflexions d’un citoyen Lambda

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