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Le Silence ou l'Avocat du Diable : Réflexion sur une Trahison Délétère

Paul KABUDOGO RUGABA

Dans un contexte où une communauté est confrontée à des persécutions, des injustices et des menaces existentielles, il est compréhensible qu'une personne se trouvant dans une position dangereuse choisisse le silence pour préserver sa vie. Cette attitude, bien que douloureuse, peut être perçue comme un choix pragmatique et sage. Cependant, lorsque ce silence se transforme en plaidoyer pour l’oppresseur, en une défense de l’indéfendable, cela dépasse les limites de la prudence. Cela devient un acte non seulement ridicule, mais aussi profondément destructeur, non seulement pour l'individu mais également pour la communauté qu'il prétend représenter.

Il est important de souligner que garder le silence face à l’injustice est une stratégie de survie dans certains cas. Quand la peur de représailles est si grande que parler devient synonyme de mort, le mutisme peut être compris, sinon excusé. Mais tout change lorsqu'un individu, ou un groupe, choisit activement de défendre un oppresseur ou de minimiser les souffrances de sa propre communauté. En faisant l'avocat du diable, ils ne se contentent pas de trahir leur peuple, mais contribuent activement à la désinformation et à la perpétuation de l’oppression.


  1. Une Trahison Plus Dangereuse Que le Silence

Lorsqu’un groupuscule parmi les Banyamulenge se met à prendre publiquement la défense d’acteurs responsables de leur propre persécution, sous le prétexte de "fixer l’opinion," cette démarche dépasse l’acceptable. Ces individus, au lieu de choisir le silence prudent, se positionnent comme complices de ceux qui les oppressent. Cela revient à légitimer les actions de ceux qui cherchent à anéantir leur communauté, offrant une validation imméritée aux discours officiels et aux politiques discriminatoires.

Ce comportement est plus dangereux que le silence, car il affaiblit la lutte collective pour la justice. En se dissociant de ceux qui se battent pour les droits de leur peuple, ces individus envoient un message de division et d’opportunisme, que les oppresseurs n’hésitent pas à exploiter pour justifier leurs actes.


  1. À Qui Profite Cette Défense ?

Dans certains cas, on pourrait supposer que ces défenseurs de l'indéfendable agissent sous contrainte, avec un "canon pointé sur eux." Si tel est le cas, leur discours ne reflète pas une conviction sincère, mais une tentative désespérée de sauver leur propre peau. Cependant, il est essentiel de rappeler que cette stratégie de survie individuelle ne saurait se faire au détriment du collectif. La défense de l’indéfendable ternit l’image de toute une communauté, alimente la propagande des oppresseurs, et aggrave les divisions internes.

Dans d'autres cas, cette prise de position pourrait être motivée par des ambitions personnelles, un désir de plaire au pouvoir ou un calcul politique mal avisé. Quelle qu'en soit la raison, ces actions nuisent gravement à la cause collective. Elles trahissent non seulement les victimes directes des persécutions, mais aussi ceux qui luttent avec courage pour préserver leur dignité et leur existence.


  1. L’Appel à la Responsabilité

Face à de telles situations, il est crucial de rappeler que les voix courageuses et justes ont plus d'impact que celles qui choisissent la compromission ou la trahison. Si le silence peut parfois être une stratégie temporaire pour se protéger, parler en faveur de l’oppresseur est une faute grave, qui fragilise encore plus une communauté déjà vulnérable.

Aux membres de toute communauté confrontée à de telles pressions, il est impératif de discerner entre le silence stratégique et la défense active de l’indéfendable. Toute voix publique devrait servir à renforcer la lutte pour la justice et non à saboter les efforts de ceux qui cherchent à garantir l’avenir de leur peuple. Les opportunistes doivent être rappelés à l'ordre, car leur discours, même sous la contrainte, met en péril l'espoir d'une coexistence pacifique et d'une justice durable.

En conclusion, si se taire face au danger peut être un acte de prudence, défendre l'indéfendable est une trahison qui coûte cher, à la fois pour l'individu et pour sa communauté. Un tel comportement ne peut être toléré ni excusé, sauf dans des cas d'extrême contrainte. Il appartient à tous ceux qui luttent pour la vérité et la justice de rappeler que l'unité et la dignité doivent toujours prévaloir sur les calculs individuels.

 

A. Contradictions relevées dans la lettre des Banyamulenge de Kinshasa en réponse au communiqué du Collectif des Avocats des Parties Civiles



Dans ce contexte où un collectif d'avocats demande justice pour les victimes des communautés Banyamulenge, Hema et Tutsi du Nord-Kivu, un groupe restreint de notables Banyamulenge à Kinshasa tente de "fixer l'opinion" dans une lettre qui contient plusieurs contradictions :

1. Revendication d’une représentativité collective

  • Contradiction : Les signataires déclarent parler au nom de la communauté Banyamulenge de Kinshasa, tout en affirmant que la plainte déposée par le Collectif des avocats n’a pas été mandatée par cette communauté. Or, ils ne précisent pas si leur propre démarche a fait l’objet d’un mandat clair ou d’un consensus parmi les membres de la communauté.

  • Analyse critique : Leur légitimité à contester les initiatives du Collectif reste floue, surtout si leur propre position n'est pas basée sur une consultation large.

2. Rejet du Collectif des Avocats

  • Contradiction : Ils accusent le Collectif d’agir sans consultation ni mandat, mais mentionnent que la veuve du Major Thomas Ndizeye a été contactée pour donner sa version des faits. Ce contact montre une tentative du Collectif d'impliquer les parties concernées, contredisant l'accusation d'agir de manière isolée.

  • Analyse critique : Ce rejet du Collectif semble plus motivé par une pression politique que par une réelle divergence avec leurs objectifs de justice.

3. Critique de la diaspora

  • Contradiction : La lettre critique "certaines personnes issues de la diaspora" pour leur supposée déconnexion des réalités locales, tout en admettant que ces initiatives sont prises pour rechercher la justice pour les victimes, notamment le Major Ndizeye.

  • Analyse critique : Cette critique générale manque de fondement, surtout si la diaspora agit dans l'intérêt des Banyamulenge tout en prenant des risques pour dénoncer l'impunité.

4. Position ambiguë sur la cohabitation pacifique

  • Contradiction : Les signataires mettent en avant leurs efforts pour promouvoir la paix et la cohabitation, mais ils ne condamnent pas explicitement les persécutions et violations des droits humains signalées contre les Banyamulenge, notamment celles qui auraient conduit à la mort du Major Thomas Ndizeye.

  • Analyse critique : Leur silence sur les abus subis par leur propre communauté affaiblit leur position en faveur d'une cohabitation pacifique, donnant l'impression qu'ils évitent de critiquer le gouvernement ou d'autres parties impliquées.

5. Absence d’une vision unifiée

  • Contradiction : Ils appellent à la concertation avec les Banyamulenge restés au pays, mais leurs critiques divisent la communauté en opposant ceux de la diaspora à ceux de Kinshasa, au lieu de chercher une position commune.

  • Analyse critique : Cette division affaiblit la lutte pour la justice et la reconnaissance des droits des Banyamulenge, en fragmentant les efforts collectifs.

Conclusion

Cette lettre semble davantage motivée par la volonté de détourner l'attention des demandes légitimes de justice portées par le Collectif des avocats. Les contradictions internes et l'absence de condamnation claire des abus affaiblissent leur argumentation et soulignent la pression exercée par des intérêts politiques pour brouiller les faits et protéger le gouvernement de Kinshasa d'éventuelles accusations.

 

B. Contradictions et Diversions : Analyse Critique de la Mise au Point sur les Violences à Minembwe



Pour relever les contradictions dans la lettre intitulée "Mise au point sur les déclarations tendancieuses et infondées", voici une analyse critique des points soulevés, en particulier dans le contexte des persécutions des Banyamulenge à Minembwe par les FARDC :

1. Négation d’un génocide en cours contre les Banyamulenge

  • Contradiction principale : La lettre qualifie les accusations de génocide comme "un prétendu génocide", tout en mentionnant explicitement des actes de torture, de traitements inhumains, et la diffusion d’images humiliantes des Banyamulenge sur les réseaux sociaux. Cette reconnaissance des violations graves contredit la négation de la gravité de la situation.

  • Analyse critique : Si ces faits sont avérés, ils constituent une persécution systématique, ce qui peut correspondre à une tentative de nettoyage ethnique ou à un génocide, selon les définitions internationales.

2. Accusation de manipulation par des "acolytes du Rwanda"

  • Contradiction principale : La lettre accuse des acteurs de la diaspora et des politiciens de collaborer avec un "agresseur" (Rwanda) pour déstabiliser l'Est de la RDC, tout en reconnaissant l'implication d'acteurs locaux comme les FARDC et les groupes armés dans les abus. Cela détourne l’attention des responsabilités internes pour attribuer la situation à des facteurs externes.

  • Analyse critique : Les faits décrits, comme la passivité des FARDC face aux abus des Wazalendo, montrent que les dysfonctionnements viennent avant tout de l’intérieur.

3. Appel à la paix et à l’unité nationale

  • Contradiction principale : Bien que la lettre appelle à bannir la haine, le tribalisme, et les divisions, elle désigne implicitement les Banyamulenge comme des responsables ou des complices dans les tensions locales, en les associant à des "réseaux mafieux" et des "velléités complexes".

  • Analyse critique : Cet appel à l’unité est vidé de son sens quand les Banyamulenge sont systématiquement stigmatisés et exclus dans le discours même.

4. Défense de la souveraineté nationale

  • Contradiction principale : La lettre insiste sur la défense de la souveraineté et l’intégrité territoriale, mais elle ne mentionne pas comment les pratiques discriminatoires des FARDC et des groupes armés sapent cette souveraineté en perpétuant des violences ciblées.

  • Analyse critique : La souveraineté ne peut être défendue efficacement si des citoyens congolais, comme les Banyamulenge, sont marginalisés et persécutés.

5. Rejet de la diaspora comme partie prenante légitime

  • Contradiction principale : La diaspora est accusée de "s’immiscer dans les affaires de l’État", mais son rôle est essentiel pour attirer l’attention sur les violations des droits humains. Par ailleurs, la lettre reconnaît que des acteurs locaux (Wazalendo et FARDC) sont impliqués dans les violences.

  • Analyse critique : Minimiser l’implication de la diaspora revient à délégitimer une voix qui dénonce les injustices que le gouvernement congolais semble ignorer ou cautionner.

Conclusion

Cette lettre semble brouiller les faits en tentant de dévier les critiques envers le gouvernement congolais et les FARDC vers des acteurs externes (le Rwanda) et la diaspora. Les contradictions internes affaiblissent sa crédibilité, en particulier dans sa tentative de nier ou minimiser les souffrances des Banyamulenge tout en reconnaissant des abus graves.

 

Le 3 décembre 2024

Paul Kabudogo Rugaba

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