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Quand la population change de camp : L'accueil triomphal du M23 à Bukavu

Paul KABUDOGO RUGABA

Dernière mise à jour : 21 févr.


Une Réalité Inattendue : L'Accueil Triomphal de l'AFC/M23 au Sud-Kivu


Ce que l'on voit sur les médias est spectaculaire et fascinant. La population de Bukavu, ainsi que celle des centres périphériques en République Démocratique du Congo (RDC), a accueilli triomphalement le M23 avec des chants et des danses. Ce phénomène est sans précédent : jamais les forces de la RDC n'ont bénéficié d'un tel engouement populaire. Avec ce soutien massif, l'Alliance Fleuve Congo (AFC)/M23 a réussi à conquérir la province du Sud-Kivu en seulement deux jours.

Ce retournement de situation est frappant. Hier encore, la population se mobilisait contre eux ; aujourd'hui, elle les accueille comme des libérateurs. Ce changement d'attitude montre que la masse n'a pas de position figée : sa posture dépend largement de l'exemple donné par les autorités. Si la haine contre les Tutsi a été alimentée ces dernières années, c'est en grande partie à cause des discours officiels toxiques en RDC. Malheureusement, certains membres du gouvernement ont encouragé ces discours incendiaires. Sans être exhaustifs, des figures telles que Bulakali Homère, Elakano, Justin Bitakwira, Claude Misare, et Nzangi Muhindo etc., ont publiquement incité à la haine.

Cette idéologie haineuse, faite de diabolisations et de stigmatisations contre certaines communautés, a pénétré jusqu'au plus profond des esprits. De la personne âgée au nourrisson, une sinistre chanson circulait : "Il faut tuer les Tutsi, il faut tuer les Banyamulenge. Ils ne sont pas congolais." Cette propagande s'est étendue dans toute la région des Grands Lacs, affectant non seulement la RDC mais l'ensemble de la région. L'image des Tutsi a été tellement diabolisée que face aux tragédies les visant, comme celles des populations du Nord-Kivu, des Banyamulenge ou des Bahema, rares sont ceux qui s'en émeuvent. À force de diabolisation, ces communautés ont été déshumanisées. Privées de leur dignité, elles n'ont plus droit à la pitié.

Récemment, des images troublantes ont circulé montrant la mère du président Félix Antoine Tshisekedi exhortant son fils à "rayer de la carte les Baswahili". Ce terme, dans ce contexte, désigne les populations de l'est de la RDC : celles de l'ancien Grand Kivu, de l'ancien Shaba (Katanga), et de l'ancienne Province Orientale. Ces propos devraient pousser les ressortissants de l'est à réfléchir sur la nature des relations avec l'ouest du pays, souvent marquées par l'exploitation et la manipulation. Il est temps que cela cesse si l'on veut construire une RDC unie et pacifique.

Les conséquences de tels discours sont visibles : à Kinshasa, des Baswahili sont malmenés et lynchés en plein jour. Face à cette réalité sombre, l'arrivée de l'AFC/M23 avec un message de paix, de tolérance et de cohabitation sonne comme une bouffée d'air frais. Ce changement de ton transforme la perception des populations locales. Toutes les communautés commencent à se tendre la main, se redécouvrant frères et sœurs. Si cette dynamique se poursuit, elle pourrait sonner la fin d'une dictature fondée sur la division et l'instrumentalisation des communautés.

Ce qui se passe actuellement au Sud-Kivu est une leçon de résilience et de désillusion : les peuples, lassés de la haine et des conflits, préfèrent désormais l'espoir que porte un discours de paix et d'unité. Il reste à voir si cette opportunité sera saisie pour construire un avenir de cohabitation pacifique et de développement commun.


Le Burundi et la chasse aux réfugiés Banyamulenge : Une injustice inacceptable

Le Burundi, après des échecs cuisants sur le plan militaire et des pertes inestimables, semble chercher à se venger sur des innocents : les réfugiés Banyamulenge. Ces derniers, installés au Burundi depuis des années, ont un statut de réfugié reconnu au niveau international. Ils ont fui les violences, les persécutions et les massacres en République Démocratique du Congo (RDC), espérant trouver un refuge où leur sécurité serait garantie. Malheureusement, cette sécurité est aujourd'hui menacée par le pays même qui devrait les protéger.

Arrêter ces réfugiés et les déporter vers le Congo, le pays qu'ils ont fui, est une violation flagrante du droit international et des conventions sur les réfugiés. Ce retour forcé expose les Banyamulenge à des dangers extrêmes. Au Congo, les "wazalendo" - ces groupes armés prédateurs - les attendent comme des hyènes affamées prêtes à les déchiqueter. Le Burundi ne peut ignorer cette réalité. Il sait pertinemment que les Tutsi, et spécialement les Banyamulenge, ne sont pas les bienvenus en RDC et y sont victimes de persécutions systématiques.

Ce comportement du Burundi n'est pas seulement immoral, il est criminel. Les réfugiés ne devraient jamais être utilisés comme monnaie d'échange ou cibles de représailles politiques. La communauté internationale doit se lever et condamner fermement ces actes. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et les organisations de défense des droits de l'homme doivent intervenir sans délai pour assurer la protection des Banyamulenge au Burundi et empêcher toute expulsion illégale.

Les Banyamulenge ont droit à la dignité, à la sécurité et à la protection. Le Burundi doit cesser de jouer avec la vie de ces réfugiés et respecter ses engagements internationaux. La persécution des plus vulnérables est le signe d'une faiblesse, non d'une force. Aujourd'hui, il est temps de dire haut et fort : "Assez, c'est assez !" Les Banyamulenge méritent mieux.

 


La France et la Belgique : Défenseurs du peuple congolais ou gardiens de leurs propres intérêts ?

Au moment où la population congolaise exprime un désir ardent de changement, un jeu diplomatique complexe se déroule dans les coulisses internationales. La France et la Belgique, influençant l'Europe et l'ONU, adoptent un ton dur à l'égard du Rwanda, qu'elles soupçonnent de soutenir l'AFC/M23. Cette position soulève cependant de nombreuses interrogations. Pourquoi cette focalisation sur le Rwanda alors que d'autres acteurs étrangers sont activement engagés sur le terrain congolais ?

Il est frappant de constater le silence assourdissant autour de la présence de troupes burundaises, tanzaniennes, sud-africaines et malawites opérant en République Démocratique du Congo (RDC). Ces forces, souvent qualifiées de "forces régionales", sont perçues par de nombreux Congolais comme des mercenaires, dont la légitimité est largement remise en question. Plus troublant encore est le mutisme des grandes puissances occidentales face aux révélations sur la présence de mercenaires européens. La récente prise de la ville de Goma a mis au grand jour ces acteurs étrangers, pourtant soigneusement dissimulés par les médias occidentaux.

Cette posture des anciennes puissances coloniales soulève une question cruciale : ces manœuvres diplomatiques sont-elles véritablement motivées par le souci du bien-être du peuple congolais ou visent-elles à préserver des intérêts géopolitiques et économiques bien établis ? L'histoire coloniale et post-coloniale de la région montre que la priorité de ces pays n'a souvent pas été l'intérêt des populations locales.

Sur le terrain, les sociétés civiles de différentes villes expriment de plus en plus ouvertement leur soutien au M23. Les villes libérées comme Bukavu, Goma et leurs environs immédiats retrouvent un semblant de stabilité, offrant à leurs habitants un soupir de soulagement face à des années d'insécurité chronique. Fait encore plus surprenant, la province du Katanga elle-même commence à exprimer des signaux positifs envers ce mouvement rebelle en progression.

Ignorer ces réalités au profit de décisions imposées de l'extérieur représente un risque majeur. Faire des choix pour le peuple congolais sans le consulter et à l'encontre de ses aspirations populaires est non seulement dangereux, mais constitue aussi un poison insidieux, une bombe à retardement dont les conséquences pourraient être désastreuses pour la stabilité régionale. Si les partenaires internationaux souhaitent véritablement accompagner la RDC vers la paix et la prospérité, ils se doivent d'écouter la voix du peuple congolais et de respecter sa souveraineté.

La France et la Belgique doivent cesser de se ridiculiser en défendant un régime indéfendable, celui d'Antoine Félix Tshisekedi. Soutenir un pouvoir marqué par des violations des droits humains, des persécutions ethniques et des manipulations politiques est choquant et va à l'encontre des valeurs que ces deux pays prétendent défendre. En désignant constamment le Rwanda comme bouc émissaire, la France et la Belgique tentent maladroitement de détourner l'attention de leurs propres responsabilités historiques dans la région. N'oublions pas leur rôle controversé dans le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994. Chercher à effacer cette honte en commettant d'autres erreurs ou en alimentant de nouveaux conflits est une faute grave et inexcusable.

Pour résoudre durablement la crise en République Démocratique du Congo (RDC), il faut s'attaquer aux racines des problèmes engendrés par la colonisation et le néocolonialisme. Répéter que les convoitises internationales se résument aux minerais de la RDC est une approche simpliste qui masque les véritables enjeux. Oui, la France et la Belgique convoitent également ces ressources, mais le combat des Banyamulenge et des Tutsi de la RDC ne se limite pas à la lutte pour des richesses naturelles. Ils réclament avant tout leur reconnaissance en tant que citoyens à part entière. Ils veulent vivre dignement sur leur propre terre sans être stigmatisés, persécutés ou traités en étrangers dans leur propre pays.

La France et la Belgique se trompent lourdement en persistant dans cette voie de partialité. Il est grand temps qu'elles revoient leur politique en Afrique centrale, cessent de soutenir des régimes qui oppriment leurs populations et optent pour un rôle constructif qui favorise la paix et la stabilité. Le peuple congolais mérite mieux. Les Banyamulenge, comme tous les autres citoyens de la RDC, aspirent à la paix, à la justice et à la reconnaissance.

À la France et à la Belgique, nous disons avec force : "Assez, c'est assez !" Il est temps de mettre fin aux jeux d'intérêts qui se font au détriment des droits fondamentaux des peuples de la région. La RDC et ses citoyens méritent un avenir fondé sur la dignité, la justice et la paix.

 

Le 18 février 2025

Paul Kabudogo Rugaba

 
 
 

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