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RDC : Désinformation Médiatique, Massacres et Impunité – Une Tragédie Ignorée

Paul KABUDOGO RUGABA

La couverture médiatique de la République Démocratique du Congo (RDC) par la presse occidentale suscite de sérieuses préoccupations quant à son impartialité et son objectivité. Il est inquiétant de constater que ces médias continuent d’épargner le régime en place, en particulier celui de Félix Antoine Tshisekedi, de toute responsabilité dans la crise actuelle du pays. Pire encore, ils minimisent, voire passent sous silence, le génocide en cours contre les Tutsis et les Hema, pourtant l’un des facteurs clés ayant conduit au soulèvement des mouvements rebelles dans l’Est du Congo. Plutôt que de relater fidèlement les faits, ces médias entretiennent une narration biaisée, attribuant la crise congolaise à une prétendue manœuvre du Rwanda visant à exploiter les ressources minières du pays.

Cette désinformation ne fait qu’exacerber les tensions et compromettre toute perspective de paix durable en RDC. L’histoire a montré que les Congolais, souvent influencés par les récits médiatiques occidentaux, restent vulnérables à une propagande dangereuse. Il est toutefois difficile de croire que l’Occident ignore les véritables causes du conflit, d’autant plus qu’il en est en grande partie responsable. La présence prolongée de la MONUSCO en RDC, censée offrir une meilleure compréhension des réalités du terrain, semble plutôt servir à occulter délibérément la situation. Dans une tentative de diversion, le Parlement européen aurait récemment décidé d’imposer un embargo sur le Rwanda. Une décision vouée à l’échec, car le soulèvement en RDC est désormais irréversible : les Congolais aspirent à un véritable changement.

Par ailleurs, le rôle des institutions religieuses dans cette crise ne saurait être ignoré. Pendant des années, les églises sont restées silencieuses face aux massacres perpétrés dans l’Est du pays contre les communautés tutsie et hema. Or, aujourd’hui, alors que l’ordre commence à être rétabli au Nord-Kivu et dans sa capitale, Goma, ces mêmes institutions s’y précipitent pour proposer des solutions superficielles et hypocrites. Il est pourtant notoire que certaines églises ont activement propagé la haine, offrant une tribune à des instigateurs de violences, à l’image de Justin Bitakwira, ancien ministre et actuel député national, connu pour ses discours incendiaires.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, des armes sont distribuées à Sange, sans discernement, à une jeunesse désœuvrée et non encadrée, dans le but de massacrer les Banyamulenge. Pourtant, personne ne s’en émeut, personne ne dénonce cette situation. Depuis une semaine, jour pour jour, cette communauté est sous le feu des attaques à Minembwe, sur tous les fronts. Les assaillants ne sont autres que les FARDC et les Wazalendo, auxquels s’ajoutent des éléments des FDLR et de l’armée burundaise. Bien que cette dernière prétende adopter une posture neutre, il est de notoriété publique qu’elle est venue avec pour mission d’éradiquer les Banyamulenge. Mais une fois sur le terrain, la réalité est toute autre : loin d’être les "insurgés" à abattre, comme on leur avait fait croire, les Banyamulenge forment une communauté pacifique, aspirant seulement à la paix, mais persécutée quotidiennement par des combattants armés avec la bénédiction des FARDC et du gouvernement.

Aujourd'hui le 13 février , les FARDC ont attaqué à nouveaule centre de Minembwe tuant de personnes et blaissant d'autres.

Au meme moment non loin de Minembwe, à Kalingi et Mikenge, les Wazalendo ont pillé le bétail appartenant aux déplacés de guerre banyamulenge regroupés dans les camps. Trois jours plus tôt, le 10 février, ces camps avaient été attaqués par la coalition FARDC-Wazalendo et n’auraient pas survécu sans l’intervention des troupes burundaises.

Une question s’impose : pourquoi cette intensification soudaine des attaques alors que le commandement de la 3ᵉ zone militaire est aux mains du général Pacifique Masunzu ? Il est de notoriété publique qu’il est le parrain de l’organisation mafieuse Akagara, mais après tout, il est lui-même Munyamulenge. Quel intérêt aurait-il à voir sa propre communauté disparaître ? Quels sont les véritables objectifs d’Akagara ? Le mystère demeure entier. Espère-t-il qu’en détruisant Minembwe, il freinera l’avancée du M23 ? Une illusion naïve !

Pendant ce temps, à Bukavu, les évêques lancent des appels à la démilitarisation pour éviter de nouvelles pertes humaines.



Les massacres se poursuivent également en Ituri, où plus de 60 personnes, toutes issues de la communauté Hema, ont été exterminées la nuit du 10 fevrier. À Bukavu, plus de 272 militaires FARDC comparaissent en audience foraine pour des crimes atroces – viols et assassinats perpétrés contre la population de Kalehe et Kabare. Un geste symbolique qui, au moins, offre une lueur d’espoir à la population locale. Mais sur les hauts-plateaux d’Itombwe, chez les Banyamulenge, et en Ituri, chez les Hema, un tel semblant de justice n’existe même pas.

Malgré ces faits accablants, la presse continue de brouiller les pistes, diffusant des informations biaisées et confuses, amalgamant les bourreaux et les victimes dans une même entité, rendant toute quête de justice illusoire. À la fin, comme toujours, on désignera un bouc émissaire : le M23 et le Rwanda.

Face à cette situation, il est impératif que la communauté internationale prenne conscience de l’ampleur du drame qui se joue en RDC. L’indifférence et la désinformation ne font qu’alimenter davantage la machine de la violence et du génocide en cours.

 

 Le 13 février 2025

Paul Kabudogo Rugaba

 
 
 

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