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Une Répression Silencieuse : Le Sort Précaire des Banyamulenge au Burundi et en RDC

Paul KABUDOGO RUGABA

Depuis une vingtaine d'années, les camps de réfugiés congolais au Burundi ont abrité la communauté Banyamulenge sans poser de problème majeur sur le plan sécuritaire. Cependant, sous l'administration du président Évariste Ndayishimiye, la situation a radicalement changé. Des discours de suspicion émanant de certaines autorités administratives locales ont conduit à une intensification des contrôles et à des restrictions accrues à l'égard des réfugiés Banyamulenge.

Désormais, leur liberté de mouvement est quasiment inexistante. Leurs habitations sont régulièrement perquisitionnées, et des arrestations arbitraires sont monnaie courante. Dans de nombreux cas, leur libération ne survient qu'en échange de fortes sommes d'argent, alors même qu'aucune infraction ne leur est reprochée. Par ailleurs, l'assistance humanitaire du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qu'il s'agisse des vivres ou des soins médicaux, a été sensiblement réduite, rendant leur vie de plus en plus précaire. De plus, leurs dossiers de réinstallation semblent être gelés, prolongeant leur calvaire.

En République Démocratique du Congo, la situation n'est guère meilleure. Les troupes burundaises, présentes par milliers notamment à Uvira et sur les Plateaux, dont Bijombo et Kahololo, sont activement impliquées dans des opérations aux côtés du Wazalendo et des Forces armées de la RDC (FARDC). Le 3 mars 2025, elles ont, de connivence avec les Wazalendo, incendié le camp de déplacés de Mikenke, où se trouvaient essentiellement des Banyamulenge.

Depuis huit ans, les Banyamulenge lancent des appels au secours restés sans réponse. Leur dernière lueur d'espoir repose sur l'Alliance des Fleuve Congo (AFC) et le M23. Malheureusement, ces derniers semblent hésiter, peut-être freinés par une pression internationale biaisée. Pendant ce temps, la coalition Wazalendo-FARDC-forces burundaises s'apprête à lancer un assaut final qui pourrait mener à l'aboutissement d'un génocide silencieux en cours.

 

Recommandations :

  1. Protection Internationale : Exhorter le HCR et les organisations de défense des droits de l’homme à renforcer la protection des réfugiés Banyamulenge au Burundi et à enquêter sur les abus subis.

  2. Pression Diplomatique : Appeler la communauté internationale à exiger du gouvernement burundais la cessation des restrictions arbitraires et des persécutions à l’encontre des réfugiés.

  3. Assistance Humanitaire : Réclamer le rétablissement d’une aide humanitaire adéquate en matière de nourriture, de soins médicaux et de protection juridique pour les réfugiés et déplacés Banyamulenge.

  4. Réinstallation Accélérée : Demander aux agences onusiennes et aux pays d’accueil de débloquer les dossiers de réinstallation pour offrir une issue viable aux réfugiés en danger.

  5. Surveillance des Opérations Militaires : Exiger des enquêtes indépendantes sur l’implication des troupes burundaises et congolaises dans les exactions commises contre les Banyamulenge.

  6. Soutien aux Forces de Résistance : Encourager les acteurs régionaux à reconnaître la nécessité d’une protection effective des populations menacées et à adopter une approche équilibrée dans la gestion du conflit.

 

Le 08 mars 2025

Paul Kabudogo Rugaba

 
 
 

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