L’affaire qui secoue la communauté ces derniers jours est celle de l’arrestation arbitraire de M. Rwirahira Zakari, un enseignant respecté et bien connu depuis des années. Cet homme, dévoué à l'éducation de plusieurs générations, est aujourd'hui victime d'une injustice effroyable, dans une situation qui soulève de nombreuses questions sur l’usage abusif de l’autorité et la stigmatisation dont souffre une partie de la population.
Les faits sont à la fois clairs et troublants. Les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) disposent depuis peu d'un drone pour effectuer des patrouilles dans la région, un dispositif censé renforcer la sécurité. Cependant, ce précieux outil est tombé entre les mains irresponsables d’un membre des FARDC, qui, chargé de le piloter, a commis une grave négligence. En pleine mission, il aurait omis de programmer le retour automatique du drone, préférant aller se saouler. Le résultat ? Le drone aurait dérivé avant de s’écraser dans une zone forestière isolée.
Au lieu de chercher à comprendre les véritables causes de cette disparition, les FARDC ont opté pour une réponse brutale et injustifiable : la répression. Les villages environnants ont été encerclés, des perquisitions systématiques ont eu lieu dans les maisons des habitants, et des biens personnels, notamment de l’argent et des objets de valeur, ont été saisis. Cette opération s’est déroulée dans un climat de terreur et d’intimidation.
Malgré ces fouilles, aucune trace du drone n’a été retrouvée. Les FARDC ont alors accusé M. Zakari sans la moindre preuve crédible, l'impliquant dans la disparition du drone. Sous prétexte que le drone aurait survolé sa maison et qu’un enfant aurait dit à son père, « Papa, voilà quelque chose d’étrange dans le ciel », ils ont utilisé cette rumeur comme prétexte pour emprisonner un innocent. Cette accusation repose sur des bases fragiles et mensongères.
Ce vieil enseignant a été traîné comme un vulgaire criminel, enfermé dans un container servant de cachot, où il subit des violences insupportables. Battu à plusieurs reprises, les coups sont accompagnés de méthodes dégradantes, comme lui verser de l’eau sur le corps avant chaque série de coups, afin d’amplifier la douleur infligée par les fouets. Les blessures sont si graves qu'il a commencé à cracher du sang, signe d’une torture impitoyable.
Aujourd'hui, la version des faits a changé de manière absurde : on prétend maintenant que les vaches de M. Zakari auraient avalé le drone. Une accusation totalement ridicule ! Comment une vache pourrait-elle avaler un drone ?
M. Zakari demeure incarcéré dans des conditions inhumaines, sans espoir de libération prochaine. Il est possible qu’il soit bientôt transféré à Kinshasa, une perspective inquiétante, car pour les Banyamulenge, Kinshasa est devenu « la porte sans retour ». La probabilité de survivre à un tel transfert est mince.
Cette situation reflète une réalité plus large et inquiétante. Il est difficile de croire que justice sera rendue dans un contexte où certaines communautés, comme celle de M. Zakari, sont constamment stigmatisées et opprimées. Des prétextes sont régulièrement fabriqués pour justifier la répression, dans une quête continue d’étouffer des voix et des vies innocentes. Cette affaire de drone ne fait que renforcer l’amertume et le sentiment d’injustice qui pèsent sur ces populations marginalisées.
La question qui se pose est simple : M. Zakari sera-t-il libéré et indemnisé pour les horreurs qu'il vient de subir ? Ou cette affaire sera-t-elle, comme tant d'autres, noyée dans le silence et l'oubli ? Dieu seul sait ce que l’avenir lui réserve, mais une chose est certaine : cette communauté, déjà éprouvée, ne doit plus être sacrifiée sur l'autel de l'injustice.
Le 23 oct. 24
Paul Kabudogo Rugaba
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