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  • Paul KABUDOGO RUGABA

Les Twirwaneho demeurent un groupe d'autodéfense civile malgré la présence de quelques Officiers

Dernière mise à jour : 23 mars 2021

Dans un article du Baromètre Sécuritaire du Kivu (KST), son auteur monsieur Pierre Boisselet appelle erronement les Twirwaneho un groupe armé en fondant cette hypothèse sur la présence à leur sein de certains Officiers FARDC notamment les illustres colonels Michel Rukunda dit Makanika et Charles Sematama, ainsi que le lieutenant-colonel Mufoko Jolie Rungwe et les Majors Patrick Muco et Senanda qui ont choisi la voie de sacrifier leur carrière militaire que de servir une armée qui a failli à sa mission républicaine de protéger les membres de leur communauté d'origine contre le plan de nettoyage ethnique dont ils sont victimes de la part des milices Maï-Maï et des rebelles burundais, agissant pour le compte du gouvernement congolais.

En effet, dans cet article, son auteur affirme que la présence des officiers FARDC Banyamulenge dans les Twirwaneho pourrait servir à l'organisation d'une rébellion contre le Gouvernement de Kinshasa, une façon directe d'interpeller le Gouvernement de Kinshasa à prendre dispositions nécessaires pour l'anéantissement total de ce groupe d'autodéfense civile qui n'a que la seule mission de défendre les membres de sa communauté menacés depuis 2017.

Loin à ce groupe de s'ériger en une rébellion contre le Gouvernement, car sa seule mission est de défendre la population civile contre le nettoyage ethnique dont elle est victime

Contrairement aux prétentions de cet auteur, les différents écrits du Baromètre sécuritaire confirment l'implication des FARDC dans la guerre d'épuration ethnique des Banyamulenge à travers l'appui logistique qu'elles apportent aux Maï-Maï contre les Banyamulenge.

Nous citerons à ce titre : 1) le Twitter du Baromètre sécuritaire du 10 septembre 2020 dans lequel ce média a révélé que deux jours avant les attaques des villages banyamulenge de Kahwela du 8 et 9 septembre2020 dans lesquels plusieurs civils ont été tués, que selon plusieurs sources proches des FARDC et des Mai-Mai, les FARDC avaient remis des munitions aux Maï-Maï afin de faciliter leurs attaques contre les civils banyamulenge;

2) dans le présent article sous-examen à son septième paragraphe, l'auteur affirme aussi l'implication des FARDC dans la bataille de Tuwetuwe où ils ont perdu six éléments face aux Twirwaneho.

1. La mort de Kawaza n'est pas une des causes des violences intercommunautaires qui sévissent dans les hauts plateaux.

Dans son article, l'auteur cite éronnement la mort du chef Kawaza Nyakwana parmi les causes principale de la flambée de la violence dans les hauts plateaux d'Uvira, Fizi et Itombwe, en oubliant que Nyakwana a été tué en mai 2019 pendant que cette guerre d'épuration ethnique avait commencé en 2017 dans le Groupement de Bijombo où elle avait déja occasionné plusieurs destructions des villages, meurtres des civils inocents et pillages des plusieurs centaines de miliers des vaches de la communauté banyamulenge, et qu'en mars 2019, plusieurs milliers des vaches de la même communauté banyamulenge avaient été pillées et au moins vingt-sept bergers tués à Lulenge par les groupes Maï-Maï Bilozebishambuke et Mulumba.

Par contre, la mort de Kawaza Nyakwana imputable aux Gumino n'est qu'une situation de règlement des comptes dans un milieu où il n'existe pas l'autorité de l'Etat, car, dit-on que ce même Kawaza avait tué et enterré dans un lieu inconnu un combattant Gumino du feu commandant Semahurungure quelques mois auparavant, fait qui aurait déclenché cet acte de vengeance privée de la part des éléments du feu commandant Gumino qui aurait agi certainement sous son ordre.

2. La désertion des Officiers FARDC d'ethnie Banyamulenge est imputable à l'implication du Gouvernement congolais dans la guerre de nettoyage ethnique des Banyamulenge

Signalons tout au départ que depuis le début de la guerre des hauts-plateaux d'Uvira, Fizi et Itombwe, le Gouvernement congolais s'est montré réticent à protéger la communauté banyamulenge contre le plan de nettoyage ethnique dans lequel les milices Maï-Maï diverses (les groupes armés Yakutumba, Ebuila Mtetezi, Aoci, Mulumba, Bilozebishambuke, etc) oeuvraient à cette fin en coalition avec les rebelles burundais de Red-Tabara, du FNL et des Forebu, sous la supervision et l'encadrement des FARDC.

En effet, les vingt huits villages Banyamulenge de la région d'Itombwe à savoir Murambi, Bakura, Lukwiza, Lisansi, Makutano, Kasholelo, Nkango, Malanda, Nazareti, Makutano, Ruhangarika, Nyagisayo, Rushasha, Bijanda, Tulambo, Linjanja, Marunde, Kivogerwa, Mikenge, Gihanama, Kibundi, Gatenga, Kigazura, etc. étaient entourés par six positions militaires FARDC dont celles de Tabunde-Kizata, Makutano, Nazareti, Kibundi, Kipupu et Mikenke qui n'ont rien fait pour protéger les populations civiles contre les Maï-Maï et leurs alliés burundais.

En date du 03 octobre 2019, les militaires de la position FARDC de Makutano ont attaqué directement trois civils banyamulenge les obligeant d'abandonner toutes leurs trois cents vaches aux milices Maï-Maï qui venaient d'attaquer leurs village de Nkango.

Il n'est pas douteux que les militaires de la position FARDC de Kipupu collaboraient activement avec Ebuila Mtetezi dans les attaques contre tous les villages de la région d'Itombwe en y occasionnant des meurtres des civils innocents et des pillages des vaches qu'ils ramenaient dans son bastion de Kipupu pour se les partager.

C'est pourquoi même l'attaque de représailles du 16 juillet 2020 du bastion du groupe armé d'Ebuila Mtetezi à Kipupu par les Twiraneho a été dénoncée par les gouvernements provincial et national en alléguant des faux chiffres des personnes tuées qu'ils allongeaient à 200, et dont l'enquête du 29 juillet 2020 ne retiendra que quinze victimes parmi lesquels figurent certainement les combattants Maï-Maï Ebuila.

Kipupu étant le Quartier Général de planification du nettoyage ethnique des Banyamulenge dans tous les hauts-plateaux, l'attaquer, c'est toucher le coeur même de ce plan dans lequel collabore activement le Gouvernement congolais.

Comment imaginer que l'attaque du seul village de Kipupu ait déclenché une vague des protestations de la part des autorités du pays, alors que dans le même milieu croupissent sous les cendres du feu des débris d'une centaine des villages banyamulenge qui ont été complètement détruits sous le silence du même Gouvernement qui a l'obligation de protéger toutes les communautés ethniques du pays sans discrimination aucune ?

Et ce serait la raison même d'être du sobriquet de Mtetezi ou défenseur de la fausse cause de défense de la patrie menacée par la présence des Banyamulenge dans les Hauts-Plateaux d'Uvira, Fizi et Itombwe, leur véritable milieu d'origine plus que ceux qui prétendent y jouir le faux droit d'autochtonie, alors qu'en réalité leur installation dans ce milieu est postérieure à celle des Banyamulenge.

Les villages banyamulenge de Kabara, Mikarati, Kamombo, Mutenja, Kanogo, Mutanoga, Rwitsankunku, etc. ont été détruits par la coalition Maï-Maï et leurs alliés burundais sans que cela n'inquiète le Gouvernement congolais pour ordonner les FARDC à protéger les populations civiles de ces contrées contre lesdites attaques.

Devant cette situation de complicité avérée des FARDC avec les milices Maï-Maï dans ce plan de nettoyage ethnique des Banyamulenge, le colonel Michel Rukunda Makanika s'est résolu de quitter l'armée congolaise pour rejoindre les Twirwaneho (Défendons-nous) qui s'étaient constitués pour défendre les membres de leur communauté contre le plan d'épuration ethnique dans lequel le Gouvernement congolais est impliqué.

Dans une déclaration faite à la BBC sur la cause de sa désertion des FARDC, Michel Rukunda Makanika a souligné qu'il "a préféré aller mourir avec les siens" que de continuer à servir l'armée d'un Gouvernement qui a choisi à sacrifier sa communauté aux mains des Maï-Maï."

Les Twirwaneho sous le commandement du colonel Makanika sont basés à Kamombo. Et c'est en ce seul lieu où les civils des communautés banyamulenge et bafuliru vivent sous la protection de ce groupe d'autodéfense, chose qu'on ne peut pas rencontrer chez les Mai-Mai, les véritables alliés du Gouvernement comme l'attestent plusieurs audios qui circulent sur les réseaux sociaux.

Les récents vidéos lancés sur les réseaux sociaux dans lesquels Karoti interrogeait les membres des communautés Bafuliru et Banyamulenge sur leur cohabitation pacifique à Kamombo sous la protection des Twaneho attestent cette vérité.

Concients que le plan de nettoyage ethnique des Banyamulenge risquait d'avorter, les FARDC en concours avec les Maï-Maï ont multiplié des attaques contre les Twirwaneho à Kamombo, Tuwetuwe et Bilalombili entre mai et juillet 2020 dans l'objectif de les détruire.

Mais, les Twirwaneho de leur part, pour prouver au Gouvernement congolais qu'ils n'ont jamais eu l'intention de combattre les forces gouvernementales, _ ils ont remis en date du 2 juillet 2020 dans les mains du président de la société civile de Minembwe, monsieur Ruvuzangoma Saint-Cadet quatre otages militaires FARDC et une femme d'un militaire et son petit enfant qui avaient été capturés à Kamombo.

En dépit de cet acte de bonne volonté, les FARDC n'ont jamais renoncé à collaborer avec les Maï-Maï et les rebelles burundais dans ce plan de nettoyage ethnique.

Ceci étant, les désertions des colonels et Majors Sematama, Mufoko, Muco et Senanda ne peuvent qu'être analysées dans ce cadre de protection de la population civile Banyamulenge contre le plan de nettoyage ethnique en cours.

Ce qui prouve à suffisance la volonté du Gouvernement congolais d'en découdre une fois pour toute avec le groupe d'autodéfense civile Banyamulenge, est qu'en date du 17 juillet 2020, la Quarantième réunion du Conseil du Gouvernement a adopté une décision visant à détruire les groupes d'autodéfense civile banyamulenge, alors qu'il sait pertinemment que ces grâce à ce groupe d'autodéfense civile (les Twirwaneho) que la communauté banyamulenge a pu résisté au nettoyage ethnique et au génocide complets.

Devant cette décision tendancieuse du Gouvernement congolais à l'égard des Banyamulenge, l'on se poserait la question de savoir si le Gouvernement ignore que 85 % des villages Banyamulenge ont été totalement détruits et que 90 % de leur bétail a été pillé par les Maï-Maï et les rebelles burundais ?

Pourquoi n'a-t-il pas encore adopté jusqu'à ce jour une décision similaire à l'égard des milices Mai-Mai, alors que c'est véritablement eux les auteurs de presque tous les actes de violence qui sévissent dans les milieux ?

La réponse est que les milices Maï-Maï sont les agents du Gouvernement dans cette guerre d'épuration ethnique des Banyamulenge comme les Maï-Maï eux-même ne cessent de le réclamer dans divers audios qui circulent sur les réseaux sociaux.

Dans notre lettre du 17 décembre 2019 à la Présidence de la République portant Résultats de notre recherche sur la guerre de Minembwe et dont copies ont été remis à l'Etat-Major Général FARDC et aux Ambassades USA et Belgique ainsi qu'à la Représentation de l'Union européenne, nous avons souligné les points ci-desous comme étant des preuves suffisantes du soutien du Gouvernement congolais à ce plan de nettoyage ethnique des Banyamulenge dans leur milieu d’origine :

- La confusion sciemment entretenue par le Gouvernement congolais quant à la victime de la guerre (les Banyamulenge) et l'agresseur (les Babembe, les Bafuliru les Banyindu et actuellement les Bavira) en les mettant dans un même sac d'acteurs du conflit qu'il qualifie faussément d'une guerre ethnique, alors qu'il s'agit véritablement d'une guerre de nettoyage ethnique des Banyamulenge considérés à cette fin comme des occupants étrangers dans leur milieu d’origine ;

- L'abstention du Gouvernement de défendre sa décision sur la commune de Minembwe ainsi que son droit de propriété sur toutes terres du pays contre les prétentions des Bambembe que cette commune serait érigée sur leurs terres ;

- La situation de la région d'Itombwe où plus d'une vingtaine des villages ont été complètement détruits, plusieurs centaines de milliers des vaches pillées et des dizaines des personnes tuées en présence des FARDC ;

- L'implication directe des militaires FARDC de la position de Makutano dans l'attaque du 03 octobre 2019 contre trois civils banyamulenge pour faciliter les Maï-Maï à piller aisément leurs vaches ;

-Le refus avéré du Gouvernement de reconnaître l'implication directe des rebelles burundais à côte des Maï-Maï dans cette guerre contre les Banyamulenge.

Ceci étant avéré, justifier autrement les désertions de ces Officiers FARDC d'ethnie Banyamulenge dans les rangs de l'armée régulière équivaudrait à souscrire au plan de nettoyage ethnique des membres de leur communauté.

Dans sa déclaration devant la BBC, le colonel Charles Sematama considère comme "un crime grave le fait de fermer les yeux devant les massacres dont sont victimes les membres de sa communauté en cherchant à servir une armée qui a failli à sa mission républicaine de protéger toutes les communautés ethniques des hauts-plateaux indistinctement.

Eu égard à ce qui précède, il sied de souligner que les quelques désertions des Officiers Banyamulenge dans l'armée régulière ne visent pas à créer une rébellion contre le pouvoir de Kinshasa comme le prétendraient ceux qui ne sont pas informés de la réalité de la guerre qui sévit dans les Hauts-Plateaux. Au contraire, elles sont la conséquence directe de l'attitude du Gouvernement dans cette guerre qui a choisi d'utiliser les Maï-Maï dans l'objectif de nettoyage ethnique des Banyamulenge sur le territoire congolais.

En conséquence, le dénouement de la guerre de nettoyage ethnique des Banyamulenge repose dans les mains du Gouvernement congolais à la seule condition d'abandonner d'apporter son soutien aux milices Maï-Maï qui sont ses véritables agents.

Quant à la question de la présence de ces quelques officiers au sein des Twirweho, elle se résoudra d'elle-même dès que ce soutien du Gouvernement aux milices Maï-Maï cessera. Car ce choix a été la solution ultime de ces braves officiers pour sauver leurs parents contre ce plan macabre.

En conclusion, nous demanderions l'implication directe de la communauté internationale en exigeant au Gouvernement congolais de mettre fin à son soutien à ce plan macabre qu'il entretient silencieusement à travers les milices Maï-Maï et les diverses factions rebelles burundaises.

Que Dieu aide la RDC d'avoir des dirigeants soucieux de la sécurité de toutes les ethnies congolaises sans distinction.


Fait le 22 mars 2021

Oscar Niyongabo Buzi


Chercheur indépendant


Sources

  1. L'article du Baromètre sécuritaire "Sur les hauts- plateaux du sud, une impasse politique et des désertions en chaines"

  2. Le Twitter du Baromètre sécuritaire du Kivu du 10 septembre 2020 sur les attaques de Kahwela par les Mai-Mai.

  3. La décision de la Quarantième réunion du Conseil des Ministres du 17 juillet 2020.

  4. Diagram showing Itombwe area/attacks by Maï-Maï fighters and FARDC Position.

  5. La lettre du 17 décembre 2019 du chercheur Niyongabo Oscar Buzi à la Présidence de la République sur les résultats de sa recherche sur la guerre de Minembwe.

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