top of page
Rechercher
Paul KABUDOGO RUGABA

Complaisance ou complicité, une attitude non appropriée de la MONUSCO dans le conflit au Sud-Kivu

Dernière mise à jour : 19 nov. 2020

Depuis leur création, en 1948, les Casques bleus sont présents aux quatre coins du globe. Diplomates pour certains, soldats pour les autres, les casques bleus contribuent, selon leurs rapports, au maintien de la paix, au nom d de l'Organisation des Nations Unies (ONU).


A l’origine, la mission de maintien de la paix était encadrée par trois règles auxquelles les États tenaient absolument et qui ont façonné sa définition classique. Primo, le consentement des parties en conflit à l'intervention ; secundo, l'impartialité des Casques bleus face aux forces en présence ; et tertio, la limitation de l'usage de la force par les Casques bleus à des fins de légitime défense uniquement.


Notons que peu après, il y a eu de modifications concernant ce troisième principe. D’abord au Congo, en 1960-1964, où ils furent autorisés à utiliser les armes à titre exceptionnel pour mettre fin à la sécession de l'État du Katanga. Un peu plus tard, le principe de la limitation de l'usage de la force été carrément revu à la suite de plusieurs massacres, notamment au Rwanda et en Yougoslavie, commis sur la population civile alors que des Casques bleus étaient présents. Depuis lors, la plupart des mandats autorisent l'usage de la force si la population civile est en danger.


L’on observe, cependant, que les casques bleus en République Démocratique du Congo (RDC) connu sous le nom de la MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en RD Congo) ont adopté une attitude tout autre qui laisse transparaitre un niveau de sa complicité dans le malheur du Congo.


Dès leur première arrivée, ces casques bleus n’ont pas cessé d’être pointés du doigt pour des scandales d’abus sexuels à l’Est du pays. Rien qu’en 2017, la Voix de l’Amérique (VOA) a fait état de 18 cas d'accusations d'abus et d'exploitation sexuels visant le personnel de l’ONU en uniforme et civil sans compter les victimes qui n’ont pas eu la possibilité ou le courage de dénoncer.


On peut considérer que ces abus n’engagent que les auteurs, bien que cela ne puisse manquer à ternir indirectement l‘image de l’armée onusienne. Ce qui est triste est que dans certains coins de l’Est du pays comme les Hauts Plateaux de Fizi Mwenga et Uvira, au Sud-kivu ; Ituri à Bunia et Beni au Nord-Kivu, les scandales sont plutôt d’ordre de violation des principes et par voie de conséquence, engagent directement l’organisation entière.

Pour ce qui est du premier principe qui consiste au consentement des parties en conflit, il est bafoué en ce sens que, la présence de la MONUSCO bien que accepte au départ, elle n’est plus maintenant souhaitée en RDC. C’est une force que l’on impose au congolais et leur Etat. A maintes reprises, les gouvernements qui se sont succédé ont demandé en vain leur départ. La population dans différents coins : Bukavu, Baraka, Beni, Minembwe...ont manifesté sans succès pour exiger leur départ. Plutôt que de la voir partir, les mandats se renouvellent incessamment chaque fois que l’un touche à sa fin.

S’agissant du second principe qui consiste à la neutralité vis-à-vis des forces présentes, c’est ce là que les bâts blessent. Les troupes de l’ONU ont été partiales à tel point qu’on soupçonnerait la MONUSCO si pas de complaisance du moins de partie prenante au conflit. Sans faire l’analyse des tous ces cons cités, voyons ensemble un seul cas, celui des Hauts Plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira qui peut s’appliquer également ailleurs dans le pays.


Les évènements douloureux qui endeuillent particulièrement la communauté Banyamulenge et tous les Hauts Plateaux en général se sont produits au moment où la MONUSCO était déjà installée dans cette partie montagneuse. Cela veut dire, en d’autres termes, qu’elle est témoins non seulement de la genèse mais aussi du déroulement des agressions et attaques et des massacres successifs dans cette partie. Elle aurait dû prévenir aux regards des signes précurseurs.


Il était prévisible que les Hauts Plateaux allaient se transformer en théâtre des violences sans précédent à partir du moment où les rebellions étrangères notamment les RED Tabara, les Forebu et les FNL burundais et le RNC de Kayumba Nyamwasa, rwandais commençaient à s’y positionner pour y faire de base arrière. Malgré les dénonciations de la population la MONUSCO et le FARDC ont fait la sourde oreille, préférant ainsi laisser faire en minimisant les alertes sans moindre inquiétude. Ne s’agit-il pas là d’une manœuvre collusoire ?


À un rayon de distance variante entre 0 et 5km de ses positions, plus 500 personnes ont été tuées en différentes attaques ou circonstances semblables. Selon les témoignes de la population locale, environ 360 villages ont été brûlés, plus de 3000 maisons détruites, et, de manière systématique, des localités entières désertées d’une seule ethnie (Bijombo, Katanga, Kamombo, Kabala, Mikenke, Mibunda, Mikalati, Nyamara, et toutes les périphéries du centre de Minembwe). Les champs n’ont pas été épargnés ; ils ont été ravagés. On compte environs 200000 vaches pillées et emportées par les forces négatives Maï-Maï en complicité avec les FARDC. Tout cela appartenant à la communauté Banyamulenge. Tel est le bilan sombre d’un conflit supervisé par les la force de maintien de la paix de l'Organisation des Nations Unies base en RDC.

Le génocide déjà reconnu des Hema par les Lendu en Ituri et celui non encore reconnu de Banyamulenge sur les Hauts et Moyens Plateaux par les Babembe, les Bafulero et les Banyindu avec le soutien des FARDC et les rebelles burundais ont eu lieu à des endroit où la MONUSCO avait de positions et elle avait la possibilité et les moyens de les empêcher efficacement par opérations ou par dissuasion. Elle a préféré laisser faire en simple observateur.


La MONUSCO, plutôt que de s’interposer entre les assaillants et les civiles victimes pour les protéger et renforcer ses troupes là où règnent les tensions, elle déploie plus des unités dans les zones sans risque pour s’occuper des choses furtives tels que : la nutrition, le reboisement et actuellement la pandémie du corona virus ; activités qui ne s’inscrivent pas dans le cadre de leur mission. Paradoxalement, elle ne pose pas le même geste à Minembwe qui est plus dans les besoins du fait que ce centre et ses périphéries ont été non seulement la cibles d’intenses attaques de Mai-Mai depuis 2018, mais aussi il héberge la grande partie de déplacés de souche banyamulenge. La malnutrition consécutive à la destruction du tissu économique et l’insécurité incessante y fait rage : plus de 1000 enfants souffrent de kwashiorkor. Le nombre augmente selon une progression arithmétique de raison 100 chaque mois. Ceux qui meurent d’autres maladies dues au manque des soins nécessaires, n’en parlons plus.


Sur environs 400 attaques sur les Banyamulenges, seule la MONUSCO basée à Mikenke est intervenu 4 fois seulement dans le camp sous sa protection.Elle, au moins, a fait preuve du respect de sa mission. La MONUSCO basée Minembwe, la principale cible de Maï-Maï , n’a jamais marquée un pas pour un secours quelconque. Il en est de même de celle déployée dans toutes les autres parties du haut plateau. Cependant, à Bijombo et Kyakira où les Banyamulenge ont été chassés, la MONUSCO a renforcé la sécurité des communautés restés ou venues les occuper qui se comptent exclusivement parmi les Babembe, les Bafurelero et les Banyindu. Elle les protège en les accompagnant dans toute leurs activités quotidiennes notamment au marché, aux champs, à la recherche du bois de chauffage etc. Ce qu’elle ne fait jamais dans les contrées ou sont concentrés les déplacés de guerre Banyamulenge. Si une telle protection était offerte de manière égale à toutes les communautés, les Banyamulenge n’auraient pas à déplorer toutes les pertes ci-haut énoncées.


Il sied de rappeler un autre élément non moins important pour illustrer les penchants. Aucun membre de la communauté Banyamulenge ne peut fouler le pied, sans se faire tuer, dans ces localités où ils ont été chassés quel que soit la présence de la MONUSCO ou des FARDC, alors que, les membres des autres communautés se promènent librement partout même dans les camps de concentration à prédominance de Banyamulenge. Tout porte à croire que c’est savamment monté pour chasser définitivement les uns et favoriser l’installation des autres.


Après tant des tueries et ravages avec un lourd bilan, la MONUSCO n’a jamais enquêté, pas même sur un seul cas des 400 attaques contre les villages Banyamulenge. Il a fallu le seul faut bruit d’un prétendu massacre du 16 juillet 2020 à Kipupu, lequel, ni la MONUSCO ni les FARDC surplace n’ont pas reconnue, mais dont les tireurs de ficelle voulaient se servir de tremplin afin d'ordonner des nouveaux massacres de la communauté ciblée, pour que tous les hélicoptères de l’ONU soient mobilisés pour les enquêtes. Quelle complaisance ! Il ne faut pas perdre de vue que Kipupu, le village mono-tribal de Babembe et bastion des groupes armées Maï-Maï , faction Kibukila, a toujours été le centre d’activisme subversive et le point de départ de tous les attaques qui ont détruit les Hauts-plateaux. Aussi longtemps qu’on ne donne pas la même valeur à la vie de tout un chacun comme personne humaine, privilégiant les uns au détriment des autres, le chemin à parcourir est encore long car c’est continuer à encourager la cruauté et l’insécurité perpétuelle dans cette partie du territoire national.


Sur des centaines des milliers des personne déplacées, seules 3000 qui sont dans le camp de déplacés de Mikenke sont recensées. On fait abstraction d’environs 75 000 confinés dans le centre de Minembwe ou errant dans la partie connue sous le nom de Indondo, sans aucune assistance depuis le debut des hostilités. Ces statistiques sont réduites à dessein pour minimiser l’ampleur.


Devant les barbaries des FARDC, la MONUSCO a toujours fermé l’œil, refusant ainsi de reporter les faits tels quels. Des personnes sont arrêtées arbitrairement sur base de critère morphologique même dans le camp de deplaces sous son contrôle. Au cours du mois de juin 2020, des mineurs ont été arrêtés au sein du camp de Mikenke, torturés puis acheminées à Bukavu pour la prison. Ce mutisme suscite plus d’une question. Et quand bien même elle parvient à s’exprimer, ses discours restent toujours un modèle calqué sur celui du capitaine Kasereka, le porte parle des opérations Sokola II.



Il importe de signaler ici que, les faits reportés par le Kasereka ne reflètent en aucun cas la réalité. Ce sont des récits purement mensongers, fabriqués dans un laboratoire crée pour cette fin et diffusée par la radio okapi devenu son instrument de désinformation pour blanchir l’armée et ses milices Maï-Maï.


Pourtant, dans ses analyses, le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) en République Démocratique du Congo (RDC) a relevé les principales tendances des violations des droits de l’homme en RDC en avril 2019 comme suit : Près de 83% des violations documentées en avril ont été commises dans les provinces affectées par le conflit (474 violations) Les groupes armés y ont commis plus de violations (54%) que les agents de l’État (46%). Parmi toutes les parties au conflit, les principaux auteurs dans ces provinces sont les militaires des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) (28%), tandis que parmi les groupes armés ce sont les Maï-Maï.

Aussi longtemps que l’armée elle-même entretient ouvertement ou clandestinement, d'étroites relations avec les Maï-Maï, comme elle le fait sur les Hauts-Plateaux, tout l’appuis de la MONUSCO pour elle n’aura que des effets négatifs sur la population.


Il est évident que la discrimination contre les Banyamulenge a été internationalisé même dans les services. En voici un des constats amers : En République Démocratique du Congo, toutes les ONG internationales ou d’obédience onusienne n’engagent jamais une personne issue de la communauté Banyamulenge. Du simple balayeur au hauts cadres, on ne voit que des membres de tribus adverses. Devant une situation des inimitiés inouïes, rien ne garantit que les communications via ces interprètes suspects soient transmises authentiquement. Dès lors qu’il en est ainsi, on ne s’étonne pas de voir la MONUSCO suivre la règle du jeu établies par les ennemis de Banyamulenge. Tant que le recrutement du personnel des ONGs, les commissions et les bureaux opérant en RDC est dicté par une logique ségrégationniste, il faut présumer que leurs rapports sont biaisés quelque soient leurs titres très impressifs comme par exemple BCNUDH etc. Leur crédibilité est à remettre en cause. Plutôt que d’être une solution, ils attisent le feu qui consume car leurs penchants encouragent le mal.

Durant trois ans, aucune assistance pour assurer les besoins élémentaires (vivres, ustensile, couverture, tentes etc.) de la part du gouvernement ni des ONG. Seule l’IGEAFI, l’organisation local avec ses moyens très limités se met en quatre pour la survie des déplacés abandonnés à leur triste sort, au moment où la nourriture pourrit dans les dépôts de PAM et ceux de la Caritas diocésaine d’Uvira, les avions ne cessent d’atterrir sur la piste de Minembwe sans rien amener. Ce qui apparait insultant et humiliant aux yeux des sinistrés qui jadis autonomes, maintenant attendent les yeux vers le ciel tout de la providence.



On pourrait alors se poser la question de savoir quel a été le rôle ou plutôt la part de responsabilité de la MONUSCO dans la gestion de cette situation conflictuelle et sanglante. Pourquoi l’ONU hésite -t-elle de déclarer de génocide les tueries de la communauté Banyamulenge par la coalition des Maï-Maï de Babembe, Bafulero et Banyindu en connivence avec le FARDC ?


S’il fallait des enquêtes sérieuses indépendantes et que l’on avait des comptes à rendre, la MONUSCO n’écharperait nullement pas aux condamnations ; car, Il faut qu’on le dise ouvertement, elle a failli à sa mission des casques bleues qui sont une force militaire ayant pour rôle « le maintien ou le rétablissement de la paix et de la sécurité… ».


Interrogée sur ce qu’elle fait présentement pour remédier à la situation, Leila Zerrougui la Représentante spéciale et Chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) répond « Nous sommes venus appuyer les FARDC (l’armée qui, par excellence présage l’apocalypse de sa nation) à rétablir leur autorité ». Du moment où il est établi que les FARDC sont partie prenante de la désolation, n’est-il pas logique de conclure sur l’implication la MONUSCO, qui continue à l’appuyer logistiquement dans cette œuvre dévastatrice ? On pourrait résumer le phénomène par ce simple syllogisme : la MONUSCO n’appuyer le FARDC. Or les FARDC composent avec les Maï-Maï forces négatives et génocidaires, donc la MONUSCO appuie le Maï-Maï génocidaires.


Par ses déclarations sournoises, Leila Zerrougui a toujours été évasive dans ses propos stéréotypés. Elle ne veut pas expliquer ouvertement le nœud du problème que déjà la BCNUDH reconnaît comme étant la menace de génocide et le risque d’apatridie pour la communauté visée. Elle ne veut pas non plus pointer du doigt les responsables politiques. Elle préfère entretenir une relation de complaisance, à travers des discours équivoques qui prêtent à confusion, tout ça au nom d’une pseudo-neutralité. Sans doute parce que cela interpelle inévitablement le gouvernement de la RDC. Clairement, son attitude trahit un penchant qui suscite des suspicions quant à l’implication de la MONUSCO dans les conflits.

Elle jette dans le même panier les agresseurs et les victimes agressées pour créer l’imbroglio en disant que tous sont responsables. Elle ne veut pas spécifier la position et les intentions des uns contre les autres qui sont la source du conflit. Pour le Maï-Maï, c’est clair, il s’agit détruire, exterminer et anéantir les banyamulenge et pour les Twirwaneho c’est se défendre contre les attaques des Maï-Maï pour la survie de sa communauté. Elle blanchit, de ce fait, les FRDC qui pourtant vendent au grand jours les armes et les munitions aux milices. Commet alors prétendre désarmer des troupes qu’on arme du jour au jour ? Les trouble sur Les haut plateaux sont pour cette armée des criminelle, une opportunité de faire un business de trafic d’armes et munitions.


Il y a eu des promesses que les instigateurs qui lancent sur de réseaux sociaux, de messages et des discours haineux seront arrêtés et traduit en justice. Le projet a été classé sans suite. Il serait souhaitable que, avant même de s’attaque sur les réseaux sociaux, qu’il faille commencer par le gouvernement et l’assemblée provinciale du sud Kivu qui s’est distingué dans le genre de discours incendiaires et xénophobes.


On comprend aisément que tout cela est une conséquence d’une absence de la justice. Étant donné que le Congo est régi par la loi de la jungle reste une tentation pour tous les aventuriers de manifester leurs fantasmes au mépris des principes universels.


Alors, Monsieur le Secrétaire Général de l’ONU, jusqu’à quand enfin prendras-tu conscience du drame Banyamulenge ? Jusqu’à quand l’ONU délaissera-elle cette communauté victime du racisme ? Quelle sera enfin le terme des choses pour cette communauté ?


Le 7 août 2020

Paul R. KABAUDOGO

Comments


bottom of page