QUAND LES FDNB PRENNENT PART AU GENOCIDE DES BANYAMULENGE.
- Paul KABUDOGO RUGABA
- 19 avr.
- 4 min de lecture
Le scenario cauchemardesque tant redouté s’est enfin produit !
Avec le déploiement, en décembre 2022, des Forces de Défense Nationale du Burundi (FDNB) dans la partie sud de la province du Sud-Kivu dont les Hauts-Plateaux de Minembwe, la peur a gagné le camp des Banyamulenge déjà traumatisés par les FARDC censés les protéger. Cette peur étant fondée sur leur crainte d’un potentielle basculement du contingent burundais dans l’escarcelle et sous le joug de la meurtrière et triple coalition FARDC, FDLR et Wazalendo. C'est désormais chose faite, malheureusement ! Le 12 avril 2025, les FDNB ont ouvertement matérialisé leur alliance (longtemps entretenue en sourdine) avec la coalition des forces et groupes armés engagés dans le déracinement de la communauté Banyamulenge. Et ce, à travers une synergie avec les FARDC, les FDLR et les MAI-MAI (Wazalendo) lors de leurs attaques coordonnées contre les villages de Kabanju et ses environs. Il est attendu que ces offensives se poursuivent dans d’autres localités et dans tous les territoires abritant les villages de ladite communauté.

Ceci nous rappelle les premières impressions données par les FDNB lors de leur premier déplacement dans les hauts plateaux où elles avaient choisi de prendre pour accompagnateur (éclaireur en jargon militaire), M. RUSHEMBE, un chef MAI-MAI et frère cadet du Gnl autoproclamé MUHUSHOMBE. De quoi aiguiser le sens du soupçon, voire pousser les Banyamulenge à crier au loup. Mais malgré ce signal fort et négatif envoyé à tout observateur avisé quant à l'alliance conclue entre les FDNB et les milices anti-Banyamulenge, les jeunes de Twirwaneho ont soigneusement évité de se trouver en confrontation avec les hommes du général Ndayishimiye.
Il convient de rappeler que les FDNB sont déployées au Sud-Kivu dans le cadre d'un accord bilatéral visant (théoriquement) à neutraliser les groupes armés. Mais force est de constater que depuis leur déploiement dans les Hauts-Plateaux de Minembwe, elles n'ont jamais engagé la moindre traque des principaux groupes armés locaux et étrangers qui écument la quasi-totalité des territoires de Mwenga, Fizi et Uvira, dont les MAI-MAI (toutes tendances confondues) et le Red-Tabara, pourtant en rébellion contre le régime burundais. Comme on peut le constater sans équivoque, leur prétendu mandat est devenu celui de prendre une revange sur les Banyamulenge pour leur expérience ratée au Nord-Kivu. Autant dire que les Banyamulenge paient la facture de l’échec de l’armée burundaise dans sa guerre contre le M23. Ces victimes innocentes font ainsi face à une étonnante et scandaleuse convergence de choix pour la cible des attaques entre les FDNB et les Red-Tabara contre lesquels le régime burundais a déployé ses troupes dans les montagnes de Masango et les plateaux de Minembwe.
L’incompréhension des Banyamulenge vis-à-vis de la conduite belliqueuse adoptée par les FDNB tient au fait qu'aucune réalité concernant leur hostilité avec le Red-Tabara n'a échappé à l'armée burundaise témoin des attaques menées au quotidien par la coalition gouvernementale contre les tutsi congolais. Avec tout le renseignement que détiennent les FDNB sur le conflit qui se joue dans les Hauts-Plateaux de Minembwe, il est absurde, sinon inconcevable que les hommes du Gnl NEVA se mettent en position d'orienter leurs armes contre le MERDP-Twirwaneho et soient ainsi mis à contribution, aux cotés des Red-Tabara, pour massacrer les Banyamulenge. S’il faut s’adresser aux africains déconnectés de la réalité, cela équivaudrait à une invraisemblable situation où, dans une mission contre le terrorisme transfrontalier au Sahel, l'armée burkinabé (par exemple) s'allierait aux djihadistes qu'elle est censée neutraliser, pour massacrer une population spécifique dans un pays ami comme le Mali, en raison de son appartenance ethnique.
Ainsi, à l’instar d’un joueur de casino enclin à recourir à n’importe quelle combinaison de dés pour obtenir ses gains d'argent, le Président burundais est, plus que jamais disposé à combiner l’action militaire de son armée avec celle de ses rebelles (Red-Tabara) pour prendre en étau les civils innocents de Minembwe, conduisant ainsi son pays dans une double culpabilité vis-à-vis des Banyamulenge: le massacre de Gatumba (1994) et la participation au génocide en cours ; pourvu que cela lui rapporte des sommes d’argent garanties par son homologue congolais. A cet effet, et bien qu’il ne soit à l’origine du premier pas dans la persécution des Banyamulenge, le Président Ndayishimiye s’impose comme le pilier du plan de génocide des Banyamulenge. Et puisqu'il importe de savoir qui est ce chef d'État, capable d'alliances contre nature, voyons ce que la bête a dans le ventre : nourri dès son plus jeune âge au biberon de la haine ethnique, le commandant suprême des FDNB ne peut s'empêcher de se prêter au macabre jeu consistant à détruire une couche des tutsi, même dans un pays étranger. Mais aussi, en tant que président d'un des pays les plus corrompus au monde (165ème place sur 180 pays évalués par Transparency International), il ne peut que succomber aux sirènes qui lui promettent des millions de dollars, tant pis si c’est en échange de l'épuration ethnique des Banyamulenge.
Je l'avais pourtant prédit dans mon article du 3 janvier 2023, au lendemain de l'arrivée de cette force burundaise au centre de Minembwe. A cette occasion, j'avais prévenu que les jours à venir risquaient de voir les armes burundaises cracher le feu sur les civils banyamulenge. Certains de mes lecteurs ont réagi en me reprochant de vouloir opposer cette force à la communauté Banyamulenge et d’en faire son ennemi sur base de préjugés. Mais c'était sans compter avec l'agenda caché (dont tout le monde se doutait déjà) et l'enthousiasme général des milices anti-tutsi (MAI-MAI) qui clamaient haut et fort « compter sur leurs frères bantous (et donc sur l'armée burundaise) pour atteindre leur objectif », qui n'est autre que le déracinement des Banyamulenge.
Les Banyamulenge n'ont pas choisi d'être ce qu'ils sont, mais ils se battront, se défendront et mourront pour ce qu'ils sont. Et en ce qui me concerne, je ne cesserai de tremper ma plume dans l'encre de la résistance tant que persistera cette menace existentielle.
Le 19/04/2025
Mukulu Le Patriote
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