Une Mise en Scène pour Occulter la Réalité
On observe une tentative manifeste des autorités congolaises de donner une illusion d'intégration des Banyamulenge en les mettant en scène dans des bureaux occupés par des hautes personnalités de l'État. Cette stratégie vise à prétendre qu'il n'existe aucune discrimination à leur encontre en RDC. Or, il ne s'agit que d'un simulacre destiné à masquer une réalité bien plus sombre. Non seulement les Banyamulenge sont discriminés, mais ils sont aussi persécutés et confrontés perpétuellement à une menace de génocide en cours.

Certains individus, prétendant représenter la communauté, adoptent un discours négationniste qui ne fait qu'aggraver les blessures déjà profondes. En s'affichant aux côtés de ceux qui leur ont juré une inimitié éternelle, ils infligent une douleur supplémentaire à leur propre communauté. Ce sont ces mêmes figures qui, hier encore, qualifiaient de futile et de faux-fouillant le combat du général Michel Rukunda, figure emblématique des Banyamulenge. Après son assassinat, ils reconnaissent sa valeur, mais s'attaquent à celui qui a pris la relève. Désormais, ils se positionnent pour exonérer un gouvernement responsable d'exactions, au lieu de chercher des solutions à un conflit qui perdure depuis des décennies.
Que recherchent-ils réellement ? S'ils n'ont ni le courage de risquer leur vie pour leur peuple, à l'image de Makanika, ni celui de dénoncer avec fermeté la situation dramatique qui prévaut dans les Hauts-Plateaux, il serait plus honorable pour eux de se taire plutôt que de se livrer à ce que l'on appelle en kinyamulenge kwishinyagurira. Ils doivent comprendre qu'un problème aussi grave ne saurait être résolu par le déni ou la complaisance.
2. Une Tragédie sous le Régime Tshisekedi
Depuis l'accession de Félix Tshisekedi à la présidence de la RDC, la situation des Banyamulenge s'est considérablement détériorée. Les chiffres et les faits sont alarmants :
Un massacre de grande ampleur : Entre 2017 et aujourd'hui, plus de 4000 Banyamulenge ont été assassinés par des groupes armés tels que les Mai-Mai, Biloze Bishambuke, Red-Tabara et les FARDC. Ces attaques ont connu une intensification brutale depuis février 2019 et continuent sans relâche. Le gouvernement n'a jamais condamné ces actes ni manifesté la volonté d'y mettre fin.
Des villages entièrement détruits : Sous le régime Tshisekedi, tous les villages des Banyamulenges ont été anéantis, ne laissant derrière eux que des ruines et des déplacements massifs de populations.
Pas plus tard qu'avant-hier, le 3 mars 2025, cinq villages de Bibogobogo (voir les détails en annexe) et cinq de Minembwe, y compris celui des déplacés de guerre Banyamulenge situé à Mikenke, ont été attaqués. Ce camp, qui était jadis sous la protection de la MONUSCO, puis abandonné par cette force onusienne pour des raisons non elicidées, s'est formé suite à la destruction systématique des localités de Mibunda, Marunde, Kabara et Mikenke proprement dit.
À l'heure où nous couchons ces lignes, les habitants de ce camp sont éparpillés dans les brousses, sans abri, avec de nombreux morts et blessés laissés sans prise en charge. Toutes les tentatives de reconstruction ont été anéanties partout où le Munyamulenge vit en RDC.
Une économie anéantie : avec le pillage du bétail, l’économie pastorale et agricole des Banyamulenge a été totalement détruite. Leur cheptel, qui constituait la principale source de subsistance, a été systématiquement pillé et revendu sur les marchés locaux. Privée de ses ressources vitales, la communauté est plongée dans une précarité absolue. Chaque tentative de cultiver la terre se heurte à une insécurité grandissante. Malgré les efforts déployés pour produire des denrées alimentaires, les groupes armés, notamment les milices Wazalendo(Mayi-Mayi,) et FARDC ravagent régulièrement les récoltes, rendant vains tous les investissements agricoles.
Un état de siège permanent : Les Banyamulenge encore présents dans les Hauts-Plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira subissent un siège implacable. Ils sont les seuls à ne pas pouvoir accéder librement à leurs champs, dépassant rarement une distance de 5 kilomètres autour de leurs habitations. Cette restriction les expose à la famine et à un isolement total. La vie quotidienne devient une lutte incessante où chaque jour est une incertitude.
La suppression de la commune de Minembwe, une exclusion institutionnalisée : Dans un acte discriminatoire flagrant, la commune de Minembwe a été abolie. Elle est la seule de sa catégorie à subir un tel sort. L'argument avancé ? Les Banyamulenge seraient des "étrangers". Cette suppression les prive de services administratifs essentiels, compliquant chaque démarche. Toute obtention de documents officiels, tels que les certificats de naissance ou de mariage, devient une épreuve insurmontable. Les déplacements, toujours à pied, faute de route, sur des centaines de kilomètres dans un environnement hostile, constituent une entrave supplémentaire à leur reconnaissance administrative.
Des attaques ciblées pendant les élections : À chaque échéance électorale, les Banyamulenge deviennent des cibles dans les centres de vote. Privés de leur droit fondamental à la participation démocratique, ils subissent menaces et violences. Les périodes électorales sont synonymes de calvaire pour cette communauté qui voit ses droits systématiquement bafoués.
Arrestations arbitraires : Une répression impitoyable : Des milliers de jeunes Banyamulenge sont arrêtés sur la seule base de leur appartenance ethnique. Actuellement, plus de 500 Tutsis sont incarcérés à Kinshasa sans aucun dossier judiciaire, victimes d'un système oppressif qui les assimile arbitrairement au mouvement rebelle M23. Même les soldats des FARDC issus de cette communauté ne sont pas épargnés. Chaque avancée du M23 entraîne une répression féroce contre eux. Subissant tortures et mauvais traitements, certains périssent dans l'indifférence générale, éloignés de leurs familles qui ne sont même pas informées de leur sort.
Des atrocités pires qu'en 1996, 1998 et 2004 : La communauté Banyamulenge subit aujourd’hui des exactions d’une ampleur sans précédent, surpassant même les horreurs des conflits passés. Le bilan du régime de Félix Antoine Tshisekedi est de loin le pire parmi les différents régimes qui se sont succédé au pouvoir en RDC. Depuis sept ans, les Hauts-Plateaux sont vidés de leur population, transformés en un désert humain par des attaques répétées et des exactions systématiques. Le gouvernement congolais, loin de faciliter un retour des réfugiés Banyamulenge, met constamment des obstacles à leurs tentatives de regagner leurs terres ancestrales.
Complicité et contradictions diplomatiques : Alors que le Burundi d'Évariste Ndayishimiye entretient de bonnes relations avec le régime Tshisekedi, ce même pays soutient militairement les milices Wazalendo et participe activement à la destruction des Banyamulenge. Cette contradiction flagrante expose une complicité silencieuse entre Kinshasa et Bujumbura. Par ailleurs, bien que le Burundi ait accueilli des milliers de réfugiés congolais, dont une majorité de Banyamulenge, ces derniers subissent des perquisitions incessantes, des arrestations arbitraires et des disparitions forcées.
Il faut rappeler que c'est au Burundi qu'a eu lieu le massacre du camp de réfugiés de Gatumba en 2004, où des centaines de Banyamulenge ont été assassinés dans l'indifférence générale. Près de vingt ans plus tard, le processus judiciaire demeure au point mort et les auteurs de ces crimes, pourtant bien identifiés, continuent de circuler librement sans craindre la moindre poursuite judiciaire
Apologie de la haine : Les figures qui promeuvent la haine à l'encontre des Banyamulenge ont été reçues avec honneur au Palais présidentiel, confirmant ainsi une politique de discrimination systémique. Parmi ces individus, on retrouve Charles Onana, un négationniste condamné pour ses prises de position sur le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994. Son livre, qualifié de "Bible de la haine", diabolise les Banyamulenge et légitime leur persécution.
Le gouvernement congolais et son parlement sont remplis de personnalités dont les mains sont entachées du sang des Banyamulenge, et qui se sont illustrées par des discours incendiaires à leur encontre. Parmi eux, on peut citer Justin Bitakwira, Mwindo Nzangi, Martin Fayulu, Eve Zainabo et Claude Misare etc. Ces figures, loin d'être mises en cause, continuent d'influencer la politique nationale et d'encourager la marginalisation des Banyamulenge
La nécessité de l’autodéfense : Face à l'indifférence de l'État congolais et à une menace existentielle persistante, la communauté Banyamulenge n'a eu d'autre choix que de s'organiser sous la bannère de "Twirwaneho" pour assurer sa propre protection. Plutôt que de comprendre leur souffrance et de rétablir la justice, le gouvernement congolais a renforcé les milices Wazalendo et a même fait appel à des armées étrangères pour accentuer la persécution contre cette communauté.
Les Banyamulenge se retrouvent ainsi piégés entre un gouvernement complice, des voisins hostiles et une communauté internationale silencieuse. Leur seule option reste l'autodéfense, un droit légitime face à l'extermination planifiée dont ils sont victimes.
Un Cri d’Alerte Ignoré
Les faits présentés ici ne sont pas de simples revendications communautaires, mais bien des réalités documentées qui témoignent d’un processus d’extermination en cours. La communauté internationale, les organisations des droits de l’homme et les instances onusiennes doivent cesser de classer sans suite le dossier de cette crise humanitaire et prendre des mesures immédiates pour la protection des Banyamulenge.
Loin d’être un simple problème interne à la RDC, cette question touche à des principes fondamentaux des droits humains. Il est urgent de mettre fin à la dissimulation des faits et de réclamer justice pour toutes les victimes Banyamulenge qui subissent ces atrocités sous un régime qui prétend pourtant prôner la démocratie et l’État de droit.
Un Exil Contraint et un Abandon Politique
La situation des Banyamulenge en exil est tout aussi préoccupante. Ils se retrouvent dispersés à travers divers pays, souvent sans statut juridique clair, et sont confrontés à d’innombrables défis :
· L’abandon par Kinshasa : Le gouvernement congolais ne fait aucun effort pour protéger ses citoyens Banyamulenge à l’étranger. Bien au contraire, il les considère souvent comme des "étrangers" et ne leur accorde aucun soutien diplomatique.
· Une stigmatisation persistante : Même en dehors de la RDC, les Banyamulenge restent ciblés par des campagnes de désinformation les présentant comme des envahisseurs ou des agents étrangers.
· L’incertitude et la précarité : Sans documents d’identité valides et sans appui gouvernemental, de nombreux Banyamulenge en exil se retrouvent dans des situations précaires, incapables d’accéder à un emploi stable ou à une éducation adéquate. Ceux qui ont demandé la réinstallation, ont vu leurs dossiers geler qui n’évoluent qu’à compte goute. Imaginez vivre pendant plus de 30ans dans un espace de 4 m carré sous une tente en plastique, qui chauffe sous le soleil comme une fournaise, et se déchire à tout vent, dans une promiscuité indescriptible, sans espoir de pouvoir en sortir!
Conclusion
Le drame des Banyamulenge ne cesse de s'aggraver sous le régime de Félix Tshisekedi. Entre exactions massives, complicités diplomatiques douteuses, apologie de la haine et soutien actif aux milices qui les pourchassent, leur survie est aujourd'hui plus menacée que jamais. L'histoire jugera sévèrement ceux qui ont préféré fermer les yeux sur un véritable nettoyage ethnique en cours dans l'Est de la RDC.
Face à cette situation tragique, la communauté Banyamulenge continue de lutter pour sa survie dans l'indifférence totale des autorités et de la communauté internationale. L'urgence d'une intervention humanitaire et politique se fait plus pressante que jamais.
l es discours et les mises en scène orchestrés par le pouvoir en place ne font que renforcer l'injustice. Plutôt que d'offrir un véritable cadre de protection et d'inclusion, les autorités congolaises préfèrent masquer la tragédie par des artifices de représentation. Il est temps que la vérité soit dite et que justice soit rendue aux victimes.
Il est temps que la communauté internationale reconnaisse la gravité de cette crise et mette la pression sur le gouvernement congolais pour garantir les droits fondamentaux des Banyamulenge, tant en RDC qu’en exil. La survie d’une communauté ne peut être laissée à l’arbitraire d’un État qui nie son existence même.
Le 05 mars 2025
Paul Kabudogo Rugaba
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