top of page

Analyse structurée de la situation au Sud-Kivu et des dynamiques régionales

  • Paul KABUDOGO RUGABA
  • il y a 2 jours
  • 4 min de lecture
ree

I. Un contexte politique faussé : les limites des accords de Washington

La situation actuelle au Sud-Kivu, replacée dans la dynamique plus large des accords de Washington, révèle un paysage politique et sécuritaire profondément fracturé. L’échec de ces accords était largement prévisible : en écartant les véritables belligérants, ils se sont apparentés à une mise en scène destinée à rassurer — ou simplement distraire — l’opinion publique nationale et internationale.

Le cessez-le-feu issu de ces accords a été violé à plusieurs reprises par le gouvernement de la République démocratique du Congo, qui est allé jusqu’à annoncer publiquement qu’il poursuivrait ses offensives. Les attaques aériennes menées dans cette période soi-disant diplomatique démontrent que la logique militaire n’a jamais été suspendue.Ainsi, les accords n’ont pas créé les conditions de la paix : ils ont ouvert un espace juridique permettant de poursuivre la violence sous couvert de diplomatie.


II. L’effondrement sécuritaire au Sud-Kivu : une crise que le Conseil de sécurité refuse d’affronter

Sur le terrain, la détérioration est manifeste et constante. Le Conseil de sécurité, pourtant alerté à maintes reprises, ne se mobilise que lorsque les dynamiques locales commencent à évoluer — et, paradoxalement, ses interventions tardives tendent à empirer les tensions plutôt qu’à les apaiser.

Depuis 2017, les Banyamulenge — communauté de langue kinyarwanda, historiquement congolaise et implantée dans la région depuis des siècles — sont la cible d’une campagne systématique de persécution.

Les chiffres sont accablants :

  • plus de 85 % des villages banyamulenge détruits ;

  • Minembwe, seule cité ayant résisté, a subi 160 attaques terrestres et 50 frappes aériennes ;

  • plus de 10 000 morts ;

  • environ 700 000 têtes de bétail exterminées, anéantissant leur économie ;

  • des champs systématiquement dévastés.

Cette destruction n’est pas accidentelle : elle est structurelle, méthodique, planifiée.


III. Les nouveaux mécanismes de persécution (2025) : ultimatum, ségrégation et éliminations ciblées

En 2025, les persécutions ont pris une dimension ouvertement génocidaire.

  • 25 août 2025 : milices Wazalendo et FARDC lancent un ultimatum de dix jours aux Banyamulenge pour quitter Uvira, assorti de menaces d’exécution. Leur accès à l’eau, aux marchés, aux soins est interdit — violation flagrante du droit international humanitaire.

  • 4 septembre 2025 : interdiction officielle d’accéder aux points d’eau, au motif fallacieux qu’ils seraient des “ennemis”.

  • 5–8 septembre 2025 : enlèvements, exécutions sommaires, slogans appelant à “la fin des Banyamulenge”, refus d’inhumer leurs morts.

Les militaires banyamulenge loyalistes disparaissent progressivement — arrêtés, exécutés ou instrumentalisés pour être forcés à commettre des crimes contre leur propre communauté.

Nous sommes ici en présence de signaux d’atrocités caractérisées : déshumanisation, discrimination systématique, transferts forcés et destruction des moyens de survie.


IV. L’encerclement militaire : l’effet conjugué des FARDC, des milices et des forces burundaises

À ces exactions internes s’ajoute la présence de dizaines de milliers de soldats burundais déployés au Sud-Kivu sur invitation de Kinshasa. Ils opèrent aux côtés des FDLR, des mercenaires, des Wazalendo et des milices Maï-Maï.

Ensemble, ces forces ont mis en place un siège exclusivement ciblé contre les Banyamulenge, alors que d’autres communautés (Bafuliro, Babembe, Banyindu, Bavira) vivent dans les mêmes zones.

Ce siège — près d’une année — a provoqué :

  • famine,

  • absence de médicaments,

  • impossibilité d’acheminer l’aide humanitaire.

Le 16–18 octobre 2025, la route menant au marché de Mitamba est coupée.Le 6 décembre 2025, une embuscade contre un groupe de femmes banyamulenge transportant de la nourriture fait plusieurs morts, des actes de torture, et de nombreuses violences sexuelles.


V. Les frappes aériennes : un crime silencieux et ignoré

Les bombardements ont constitué une autre dimension, souvent occultée, de cette crise.

  • 29 août 2025 : bombardements autour des camps de déplacés près de Mikenge.

  • 27 septembre 2025 : drone CH-4 frappe Nzibira.

  • 15 novembre 2025 : bombardement de Mikenge par drones opérés depuis Kinshasa et Bujumbura.

  • 12 décembre 2025 : un chasseur Sukhoï frappe à nouveau Mikenge.

Entre mars et décembre, 50 frappes aériennes sont recensées dans la région. Malgré nos dénonciations répétées au Conseil, aucune mesure n’a été prise.


VI. L’intervention des forces de libération : une dynamique populaire étouffée par la narration occidentale

Face au risque d’extermination, l’AFC, le M23 et Twirwaneho interviennent.Ils libèrent Sange, Luvungi, Mutarule, Kiliba, Luningi, puis Uvira, deuxième ville du Sud-Kivu.

Partout, les populations les accueillent comme des libérateurs.Dans les villes encore sous oppression — Kalemie, Kamituga, Kindu — les habitants appellent à leur arrivée.

Là où ils passent, l’ordre et la paix se rétablissent.

Pourtant, l’Occident réagit en condamnant immédiatement le Rwanda, fidèle à une logique qui exige un coupable extérieur même lorsque les faits la contredisent. Il demande d’arrêter l’avancée des forces libératrices, révélant une réalité difficile à ignorer :ces puissances ne cherchent pas la paix des Congolais, mais la perpétuation d’un désordre qu’elles savent exploiter.


VII. Le rôle ambigu des Nations unies : arbitre autoproclamé, acteur partial

Les Nations unies, loin d’être un organe neutre, agissent souvent comme juge et partie, reflétant davantage les intérêts des puissances dominantes que ceux des populations vulnérables.L’ONU impose à l’Afrique des modèles démocratiques irréalistes qu’elle ne s’impose pas à elle-même. Ce sont des structures incapables d’apporter la paix ou le développement.

En autorisant la présence militaire burundaise en RDC et en tentant de stopper les forces qui ramènent la paix, l’ONU cautionne une mécanique de destruction plutôt que de protection.

De plus, en accusant le Rwanda d’une présence armée inexistante sur les hauts plateaux, elle valide une logique qui nie jusqu’à l’existence des Banyamulenge et des Tutsi congolais.

La réalité est simple :il n’y a aucun soldat rwandais au Sud-Kivu. Il y a des Banyamulenge  et leur compatriotes qui veulent révolutionner les choses et qui défendent leur terre et leur peuple.


VIII.  La résistance comme devoir historique

L’Occident peut tenter de se dédouaner de sa responsabilité historique, mais il devra comprendre ceci :nous ne quitterons jamais notre terre.Nous y vivrons, nous y résisterons, et si nécessaire, nous y mourrons.Nous ne céderons ni à la manipulation politique ni à l’effacement identitaire.

Cette terre est la nôtre, et aucune force — qu’elle soit militaire, diplomatique ou narrative — ne pourra nous en déposséder.

Le 12 décembre 2025

Paul Kabudogo Rugaba

 
 
 

Commentaires


bottom of page