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La Providence Intervient-elle pour Alexis Gisaro ?

Dernière mise à jour : 27 nov.


Les jours qui ont suivi la motion de défiance contre Alexis Gisaro Muvunyi ont révélé une onde de choc inattendue dans le paysage politique congolais. Ce qui semblait être une condamnation unanime du ministre d’État à l’infrastructure a déclenché une vague de réactions venues de toutes les régions du pays : Nord-Kivu, Sud-Kivu, Katanga, et bien sûr, de la communauté Banyamulenge. À cela s’ajoute l’intervention de son parti, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), qui n’est pas resté indifférent.

Pour l’UDPS, cette motion ne vise pas uniquement Alexis Gisaro, mais également le chef de l’État lui-même. Les réalisations du ministre sont parmi les rares dont le gouvernement peut se targuer. S’attaquer à lui revient à ébranler l’un des piliers du bilan gouvernemental. Dans ce contexte, la motion apparaît comme une manœuvre politique aux motivations douteuses, mettant en lumière les jeux de pouvoir et la stigmatisation systématique des minorités, notamment les Tutsi.


Le Retrait des Signatures : Un Réveil Populaire


Fait remarquable, la pression populaire a poussé certains partis politiques, tels que le MLC, à retirer leurs signatures de la motion de défiance. Cette volte-face est le fruit d’une mobilisation sans précédent. Pour la première fois, des Congolais de divers horizons se sont unis pour défendre une cause noble : la dénonciation d’une injustice flagrante infligée à un Tutsi.

Est-ce un signe que la population commence à saisir l’ampleur des discriminations et des stigmatisations systémiques ? Ou bien est-ce une réaction pragmatique, motivée par la crainte de voir les travaux d’infrastructures en cours suspendus ? Il est difficile de trancher. Cependant, ce sursaut collectif marque un tournant dans la manière dont les Congolais réagissent face à des injustices, même si le chemin vers une véritable reconnaissance du mérite reste long et semé d’embûches.


Un Pas Vers le Mérite, Mais Une Route Encore Longue


Cette affaire soulève une question cruciale : les Congolais sont-ils prêts à juger leurs dirigeants sur leurs compétences et leurs réalisations plutôt que sur leur appartenance ethnique ? Si le cas d’Alexis Gisaro a permis de briser temporairement les clivages tribaux, cela ne signifie pas pour autant que le tribalisme politique soit en recul. La motion de défiance contre Gisaro rappelle une triste réalité : les minorités, en particulier les Tutsi, restent des cibles faciles dans un système où la tactique de bouc émissaire prévaut.

On se souvient encore de l’éviction humiliante de M. Azarias Ruberwa Manywa, un autre Tutsi, sous la pression de l’Assemblée nationale. Malgré son intégrité et son bilan irréprochable, il avait été mis à l’écart par des manœuvres similaires, orchestrées par des figures comme Zangi. Ruberwa, tout comme Gisaro aujourd’hui, illustre la fragilité des minorités dans un environnement politique dominé par des calculs tribaux et populistes.


Une Lueur d’Espoir

La mobilisation populaire et le retrait des signatures de certains partis politiques sont peut-être les prémices d’un changement. Mais il reste beaucoup à faire pour instaurer une culture politique basée sur le mérite, l’intégrité et les droits humains. Tant que le tribalisme demeurera un outil politique, des figures compétentes et intègres comme Alexis Gisaro continueront à être sacrifiées sur l’autel des intérêts partisans.

Cependant, l’histoire récente de cette motion montre qu’une union est possible, même fugace, pour défendre des principes nobles. La providence, dans ce cas, semble avoir pris la forme d’une conscience collective émergente, un pas timide mais significatif vers une RDC plus juste. Il appartient maintenant à la société congolaise de transformer cette lueur d’espoir en une flamme durable, en apprenant à reconnaître et défendre la compétence, quelle que soit l’origine de celui qui la porte.


Le 25 novembre 2024

Paul Kabudogo Rugaba


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