Le Burundi : un voisin aux mains plongées dans le sang des Banyamulenge
- Paul KABUDOGO RUGABA
- il y a 5 heures
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Le Burundi, aujourd’hui, porte des mains détrempées du sang des Banyamulenge. Ce constat, douloureux mais implacable, ne relève ni de la rumeur ni de l’exagération : il s’appuie sur des faits vérifiables, observables, et déjà dénoncés dans nos précédentes analyses. Nous y avions montré comment l’armée burundaise concentre méthodiquement ses forces sur les hauts plateaux d’Itombwe, transformant cette région jadis vivante en un vaste corridor militarisé où règnent siège, contrôle total et étouffement systématique de toute vie.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 70 positions occupées par les forces burundaises sur les Hauts-Plateaux, une présence militaire estimée à plus de 14 000 soldats, face à une population civile qui, après des décennies d’exils forcés, de massacres et de déplacements, ne dépasse probablement pas 50 000 âmes. Une disproportion si absurde qu’elle ne peut s’expliquer que par une intention : encercler, asphyxier et briser ce qui reste de la communauté banyamulenge.
Aujourd’hui, toutes les voies de circulation sont fermées, les sentiers traditionnels sous surveillance, les collines quadrillées. Aucun commerçant ne peut encore acheminer sucre, savon, sel, médicaments ou produits de première nécessité vers les villages banyamulenge. Plus d’entrée. Plus de sortie. La vie quotidienne est devenue un champ de bataille silencieux, où la faim et l’isolement se mêlent aux bombardements de drones, aux pillages du bétail et à la destruction systématique des maisons.
Ceux qui connaissent l’histoire le savent : les Hauts-Plateaux étaient autrefois densément peuplés. Mais les guerres civiles récurrentes, l’insécurité chronique et les vagues de violence dirigées contre les Tutsi congolais ont contraint des milliers de familles à l’exil. Les quelques survivants, restés sur leur terre ancestrale, sont aujourd’hui encerclés par des armées étrangères sur le sol même de leur pays, sous le regard complice des autorités congolaises.
Le Burundi prétend être venu combattre le mouvement RED-Tabara. Une justification fragile, qui masque mal la réalité observable sur le terrain. Car ce déploiement massif, cette occupation systématique, cette volonté visible d’asphyxier une population entière n’a rien d’opérationnel ni de ciblé : c’est l’architecture d’un génocide lent. Et lorsque la communauté banyamulenge lève la voix pour dénoncer ces faits, certains Congolais se précipitent pour brouiller les pistes, nier l’évidence, diluer la responsabilité. Pourtant, la vérité ne demande aucun effort pour être vue : il suffit d’un voyage, d’une enquête honnête, d’un seul journaliste sur place pour constater la présence massive et illégale de soldats burundais. On peut cacher un feu naissant, mais jamais sa fumée.
Pendant ce temps, les Banyamulenge vivent l’impensable : — sous des bombes de drones ;— avec des maisons continuellement détruites ;— privés de champs et de pâturages ;— leur économie – faite d’élevage et d’agriculture – pillée, ruinée, déracinée ;— condamnés à la famine ou à l’errance si rien n’est fait.
Ce que vit cette population n’est pas une crise passagère. C’est une entreprise de destruction.Ce n’est pas un accident. C’est un projet. Et le silence du monde, lui, est un scandale.
Nous appelons, une fois encore, la communauté internationale, les organisations des droits humains, les partenaires régionaux et globaux, à agir immédiatement. Il faut une pression claire, directe et ferme sur le gouvernement burundais afin qu’il retire sans délai ses troupes des Hauts-Plateaux. Les Banyamulenge ne demandent pas des privilèges : ils réclament simplement le droit élémentaire de vivre en paix sur leur terre, comme tout autre citoyen congolais.
Ce droit n’est ni négociable ni optionnel. C’est le fondement même de la dignité humaine.
Le 22 Novembre 2025
Paul Kabudogo Rugaba




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