Sous l'œil du camera d’un smartphone dans un terrain verdoyant émaillé d'une centaine de foufous de manioc servis sur des plats en plastique, Kasimbira John alias Makanaki, chef de la branche MAI-MAI Biloze Bishambuke du territoire d’Uvira galvanise un public réuni pour l’entendre. En orateur prolixe et redondant, il finit par lâcher l’essentiel de son message : « Nous n'avons pas de problème avec les groupes armés étrangers. Nous nous occupons plutôt de nos rwandais (et donc, ses Banyamulenge) », a-t-il révélé. Cette déclaration a interrogé et surpris des nombreux observateurs quand on sait qu’elle émane de celui qui a toujours clamé haut et fort avoir pris les armes pour libérer son pays de « l’occupation ». Non seulement elle est pleine d'incompatibilités avec la libération mal perçue dans son imagination, mais aussi, elle est révélatrice du caractère ambigu de ce leader MAI-MAI autoproclamé et conséquemment de son mouvement.
En effet, l’intervention de Kasimbira n’est pas anodine et elle n'a surtout rien d'un fait isolé:
▪️ Elle est donnée à moins de deux semaines de la fête de libération (18 mai) de l’ex-Zaïre du Maréchal et dictateur Mobutu par l’AFDL de Mzé Laurent Désiré Kabila ; évènement historique que le Prix Nobel de la Paix a plutôt qualifié dans son twitter du 18/05/2022 d’une « soi-disant libération » et marche-pied de "l’occupation" de ce qui est devenu dès lors, la RDC.
Le Dr. Mukwege en a profité pour inviter les Congolais de se lever pour lutter contre l'occupation de ce pays où lui-même ne saurait montrer le village natal de son propre grand-père ! Un appel qui est tombé sur un terrain qu’il a su minutieusement préparer et focaliser sur une audience estudiantine qu'il a électrisée par son discours musclé lors de son dernier passage à Kinshasa. C’est bien là, à Kinshasa où l’honorable Musambya qui a choisi d’investir dans le tribalisme pour son positionnement politique a fait un appel de balle au réparateur des femmes qui lui a bien servi ;
▪️ Elle sonne les prémices d’un énième épisode de lynchage médiatique contre les Banyanyamulenge qui s’est poursuivi à l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le 12/05/2022 par l’honorable Musambya qui s'est fait chantre du slogan entonné par le Dr. Mukwege;
▪️ Elle offre une nouvelle occasion en or à un Bitakwira qui n’a pas tardé à s’engouffrer dans la brèche pour de nouveau faire parler de lui et briller par son incompétence à faire la distinction entre ethnie et nationalité ! Cet ange déchu (élu député en 2012 et désavoué aux législatives de 2018) qui veut réécrire l’histoire de la RDC et connu pour ses coups de sang comme pour ses coups de bec contre les Banyamulenge avec lesquels il a muri le souhait d’être en confrontation direct, en a profité pour faire l'apologie de sa guerre contre les tutsi. A l’occasion de sa dernière sortie médiatique sur Ouragan.cd où il se décrit lui-même comme possédant la clé de la sécurité pour l’Est de la RDC, il a fait campagne de la purge des tutsi dans les rangs des FARDC qui, selon ses termes ségrégationnistes se doivent d’être faites des oiseaux de même espèce ;
Bref, une photo de famille au complet qui est révélatrice de l’émergence de la nouvelle flambée de violentes attaques de la coalition MAI-MAI et Rede-Tabara contre Minembwe et ses villages environnants qui connaissaient pourtant une certaine accalmie depuis que le général Opia avait pris les commandes de la 112ème brigade d’intervention rapide. Une photo de famille dont les membres semblent plus que jamais déterminés à envoyer simultanément leurs missiles sur Minembwe et ses habitants.
Le Twitter du Dr. Mukege est sans doute un message pour dire tout le bien qu'il pense des MAI-MAI (et alliés étrangers) qui ont su faire du viol des femmes Banyamulenge leur arme de guerre ; l'histoire que Mukwege met à profit pour arrondir le nombre des femmes à réparer, lesquelles maintiennent en marche le moteur de la croissance de son chiffre d’affaires.
Les victimes de sa campagne de soutien aux MAI-MAI ont encore en mémoire son message twitter datant de juillet 2020 où sa sinistre petite phrase « ces mêmes qui continuent de tuer » résonne encore très fort dans leurs oreilles contusionnées, reste en travers de leurs gorges et continue d'avoir un effet délétère et des ravages incalculables.
Les appels à se mobiliser (population) pour exterminer ces tutsi du Congo par les machettes et les gourdins est de nouveau le projet plébiscité par les réseaux sociaux dans un scenario qui repose sur la colère des populations suite à la guerre encours dans le Nord-Kivu, près de Goma par les M23. Et ce, depuis que le Commissaire divisionnaire adjoint de la police du Nord-Kivu, Aba Van Ang, inspiré par ces discours de haine tribale a donné le ton.
Le Chef de l’Etat, Felix Tshisekedi devrait se rendre à l'évidence que ce slogan conspirationniste de l’imaginaire "occupation" de la RDC, devenu le leitmotiv et levier de mobilisation contre les Banyamulenge, est aussi et en même temps, un outil de campagne contre son pouvoir par, entre autres, un Prix Nobel qui semble plus que jamais à l'affût d'une opportunité populiste pour s’imposer en homme providentiel digne de diriger la RDC et de soigner ses maux.
De ce fait, et faisant allusion au Président de la République, les victimes de cette campagne de haine tribale ne peuvent que se consoler du sage proverbe africain qui stipule que "le silence de l'homme ne veut pas dire qu'il ignore ce qui se passe autour de lui".
Le 27/05/2022
Mukulu Le Patriote
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