Vers une recolonisation du Congo par la Belgique ?
- Paul KABUDOGO RUGABA
- 22 mars
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 24 mars

Selon certaines sources, la Belgique envisagerait de reprendre le Congo sous une forme de recolonisation. Bien que cette hypothèse puisse paraître invraisemblable, plusieurs indices laissent entrevoir une influence croissante et une posture de plus en plus interventionniste de la Belgique dans les affaires congolaises. En adoptant le discours du président Tshisekedi, qui cherche à désigner un bouc émissaire – le Rwanda – et en refusant de reconnaître la légitimité de la rébellion du M23, la Belgique semble s'éloigner de son rôle traditionnel de médiateur pour s'aligner sur les intérêts du pouvoir en place à Kinshasa. Elle envisage même une option militaire contre les M23.
Cependant, la vérité, lorsqu'elle est étouffée, finit toujours par resurgir. La presse nationale commence à s'interroger sur le rôle de la Belgique et sur son impartialité dans la gestion du conflit. Historiquement, la diplomatie belge s'est illustrée par une approche conciliatrice, favorisant le dialogue entre les différents acteurs régionaux. Aujourd'hui, cette posture a évolué vers un soutien ouvert au régime de Kinshasa, au détriment de sa crédibilité et de son influence dans la région.
Cette prise de position a des conséquences diplomatiques majeures. En adoptant une ligne partisane, la Belgique a perdu son rôle de facilitateur et est accusée de fermer les yeux sur les dérives du président Tshisekedi. Cette situation suscite une irritation croissante parmi les pays de la région des Grands Lacs, notamment le Kenya, la Tanzanie, le Rwanda et l'Ouganda. Ces nations dénoncent la désintégration progressive de l'État congolais, présenté comme un pays en proie à la corruption et à la mainmise d'un clan dirigeant, tandis que la communauté internationale reste passive.
L'un des points les plus controversés concerne la persécution de la communauté tutsi en RDC. Contrairement à d'autres groupes qui exploitent les ressources minières, les Tutsi congolais n'ont aucun lien avec le pillage des richesses du pays. Pourtant, ils sont pris pour cible et victimes d'un véritable acharnement. Le Rwanda, de son côté, réaffirme sa priorité absolue : garantir sa sécurité et ne jamais revivre une tragédie semblable au génocide de 1994. Or, la présence persistante des FDLR et d'autres milices armées dans l'Est de la RDC constitue une menace directe pour cette sécurité. Ces groupes, qui exploitent illégalement les ressources minières, ont tout intérêt à perpétuer l'instabilité afin de maintenir leur emprise sur ces richesses. Malheureusement, ils bénéficient d'une certaine complaisance de la part du pouvoir central congolais.
La Belgique est aujourd'hui critiquée pour son parti pris. En sanctionnant le M23 sous prétexte de préserver l'intégrité territoriale de la RDC, elle ignore la réalité selon laquelle ces combattants sont des Congolais revendiquant leurs droits. La publication de statistiques falsifiées, imputant des exactions au M23, a récemment été démentie par la Croix-Rouge, mettant en lumière la désinformation entretenue par certains milieux politiques belges. En réalité, ce sont les FARDC qui perpétrent des exactions et procèdent à des dévastations qu'elles qualifient cyniquement de "pacification".
La France et la Belgique, en refusant de reconnaître la gravite du génocide en cours contre les Banyamulenge, se rendent complices d'une tragédie humanitaire. Leurs médias, très politisés, évitent toute mention de ces massacres, ce qui empêche une prise de conscience internationale. Au lieu de favoriser un dialogue inclusif, ces puissances ont mobilisé l'Occident contre le M23 et le Rwanda, en imputant à ce dernier la responsabilité de tous les maux de la RDC. Cette stratégie conforte Tshisekedi dans une victoire diplomatique illusoire, qui masque mal l'impopularité croissante de son régime et l'avancée significative de l'AFC/M23, largement soutenu par la population locale.
La question qui se pose aujourd'hui est celle de la finalité de cette stratégie. Jusqu'où iront Tshisekedi et ses alliés, notamment la France et la Belgique ? Leur implication dans la crise congolaise révèle une vision à court terme qui ne résoudra en rien les problèmes structurels du pays. Seule l'histoire nous dira si cette politique aura été une erreur stratégique majeure ou une tentative avortée de redéfinition des équilibres régionaux.
Sur les Hauts-Plateaux, les combats font rage
Depuis décembre, à la suite de la nomination du général Pacifique Masunzu au commandement de la 3ᵉ zone de défense, couvrant l’ensemble de l’Est de la République démocratique du Congo, les offensives combinant assauts terrestres et frappes aériennes se sont intensifiées sans relâche. Cette semaine, des attaques coordonnées ont été menées simultanément sur plusieurs fronts, du nord au sud et de l’est à l’ouest, ciblant exclusivement la communauté Banyamulenge à un rythme quotidien.
Ces opérations sont orchestrées par une coalition composée des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), des groupes Wazalendo, des forces burundaises et des FDLR. Loin d’un objectif de stabilisation ou de lutte contre la progression du M23, le conflit dans les Hauts-Plateaux semble plutôt viser l’extermination des Banyamulenge avant toute avancée éventuelle de ce mouvement, en témoigne le déploiement massif de forces militaires à Minembwe, surpassant même celui des grandes villes comme Bukavu et Uvira. L’ampleur des moyens engagés laisse craindre un objectif final de nature génocidaire.
Selon certaines sources, Pacifique Masunzu aurait reçu l’ordre d’anéantir la résistance armée Twirwaneho dans un délai de six mois, sous peine de sanctions plus sévères que celles infligées à ses collègues dont les troupes ont reculé face à l’offensive du M23. C’est dans ce contexte qu’il aurait orchestré l’assassinat du général Michel Rukunda. Pour atteindre ses objectifs, il dispose de drones et d’avions de chasse fournis par la Belgique. Toutefois, malgré ces moyens considérables, ses forces reculent progressivement. Sans le cessez-le-feu récemment décrété, les "Lions de Sarambwe", ayant déjà pris Walikale, auraient atteint les abords de Lubutu en direction de Kisangani.
Malheureusement, la pression des puissances occidentales en faveur d’une trêve se fait davantage sentir sur les zones riches en ressources minières, tandis qu’elle reste discrète face aux exactions commises par la coalition FARDC-Forces burundaises-FDLR-Wazalendo contre les Banyamulenge dans leurs bastions des Hauts-Plateaux et ailleurs.
Une situation de terreur et de désolation a frappé Uvira au matin du 21 mars 2025, lorsque des éléments Wazalendo ont semé la panique au sein des communautés locales, particulièrement parmi les Banyamulenge. À leur réveil, ces derniers ont découvert leurs habitations encerclées par des hommes lourdement armés.
Cette escalade de violence a conduit à la destruction de plusieurs maisons, bureaux d’ONG et lieux de culte appartenant aux Banyamulenge. De nombreux biens de valeur, tels que des ordinateurs, du mobilier d’église, des ustensiles de cuisine et des téléphones portables, ont été pillés. Le bilan exact des pertes humaines et matérielles reste à déterminer.
Par ailleurs, plusieurs officiers supérieurs des FARDC, des membres de la Police nationale congolaise (PNC) ainsi que des leaders religieux, dont des pasteurs, ont été arrêtés par les chefs des Wazalendo, notamment René Itongwa et Mayele, qui opèrent depuis la mairie d'Uvira.
Face à cette situation alarmante, une réponse urgente et concertée de la communauté internationale est nécessaire pour éviter une catastrophe humanitaire et mettre un terme à ces violences systématiques.
Le 22 mars 25
Paul Kabudogo Rugaba
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